Des nœuds d'acier

Mon grand-père, je ne l'ai jamais vu, ça fait vingt ans qu'il est en prison. Mais tout le monde a entendu parler de lui. Parce que c'était un vrai caïd à une époque. Rien que son nom foutait la trouille : Napoli-le-Napolitain. Il suffisait de le prononcer pour faire trembler n'importe qui. Eh bien c'est lui, ouais, c'est mon grand-père !
Guillaume Guéraud - Mon grand-père est un gangster
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samedi 23 novembre

Contenu

Roman - Noir

Des nœuds d'acier

Social - Enlèvement MAJ mardi 17 décembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Sandrine Collette
Paris : Denoël, octobre 2012
264 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-207-11390-5
Coll. "Sueurs froides"

Actualités

Un autre pays perdu

Depuis Gustave Flaubert, capable de virevolter entre les tragédies intimistes comme Madame Bovary et les grandes épopées à la Salambo, les écrivains se sont un peu plus spécialisés. Sandrine Collette choisit de se concentrer sur une intrigue dépouillée. Deux frères ennemis vieillissants, paysans taiseux, ont besoin d'un homme à tout faire, mais ne peuvent le payer. Leur sœur leur propose alors une solution : comme elle tient un gîte, elle repérera un homme dont l'absence passera inaperçue, et ils n'auront qu'à l'utiliser comme esclave. Ce rôle va être dévolu à Théo, un ancien prisonnier condamné pour avoir blessé son frère qui couchait avec sa femme. Le récit va donc se dérouler autour de quelques personnages tout en se focalisant sur l'envie de s'en sortir de Théo. Angoisse psychologique, descriptions méticuleuses et fortes des relations personnelles qui fluctuent entre les deux frères, mais aussi entre chaque frère et le prisonnier, et aussi entre Théo et un autre prisonnier-esclave. Derrière l'intrigue, la difficulté des relations, l'impossibilité de communiquer des êtres, les relations humaines comme suite de rapports de forces incessants, la misère sociale et culturelle. Dans Délivrance, le film de John Boorman, des ruraux un peu consanguins demandaient à des citadins qu'ils avaient fait prisonniers d'imiter le cri du cochon. Chez Sandrine Collette, les deux frères considèrent le prisonnier comme leur animal domestique et l'appellent "Le Chien" avec une sorte d'affection non feinte. L'auteur parvient à disséquer, à rendre par son style - qui jamais ne juge, ni ne cherche d'excuses, mais se contente de décrire - le côté poisseux, la douleur, la pluie, les travaux physiques, faisant ressentir le froid, l'humidité, les instants de découragement comme ceux d'espoir. En quelques lignes se dessine avec force une scène horrifique, que l'on ne s'attend absolument pas à découvrir en milieu rural français, prouvant ainsi que l'horreur, bien souvent, est à notre porte. Angoissant...


On en parle : La Tête en noir n°167

Nominations :
Prix Landerneau Polar 2013
Prix SNCF du polar/Roman 2014
Prix Mystère de la Critique 2014
Prix Boulevard de l'Imaginaire 2013

Citation

À l'échelle de l'humanité, c'est peu de chose. Je le sais. Mais je me fous de l'échelle de l'humanité.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 23 février 2015
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