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Inédit
Tout public
Traduit de l'estonien par Jean Pascal Ollivry
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, janvier 2014
320 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-84720-370-7
Coll. "Polar"
Attention : polar culturel
Nous sommes à Tallinn, en 1419, pour ce second volet des aventures de l'apothicaire Melchior Wakenstede (objet d'une mystérieuse malédiction sous forme de crises d'hystérie héréditaire) et son compère, le bailli Wentzel Dorn. En ce 2 août, on apprend coup sur coup la mort de Tobias Grote, commandant de la garde de la tour Quad Dack, qui est tombé par malheur (dans lequel l'alcool pourrait avoir sa part) du chemin de ronde, après avoir vu un spectre ; puis celui du marchand le plus riche de la ville, Laurentz Bruys, qui a légué tous ses biens aux monastères et églises de la cité, car il n'a pas d'héritier ; et enfin celui d'une quantité négligeable, un voleur suédois (à qui il n'est même pas fait l'honneur d'un nom) qui a succombé sous les coups de fouet qui lui ont été administrés. Cela fait beaucoup pour un seul jour et une aussi petite ville, d'autant qu'on annonce aussi... un assassinat. C'est cette fois un jeune vagabond inconnu, d'une maigreur cadavérique qui a été retrouvé châtré et la langue coupée près de la maison Unterrainer, de très mauvaise réputation à cause d'une légende sur des amants illicites qui y ont jadis été emmurés, qui est maintenant habitée par le curé Witte. Deux amoureux, Ursula, quatorze ans, et Simon, apprenti orfèvre de quinze ans, déclarent aussi avoir senti la présence d'un spectre près de là. Il apparaît vite que Grote connaissait Bruys et avait même annoncé sa mort imminente. Messire Götzer, ancien capitaine reconverti dans le renseignement, connaît aussi l'histoire d'un peintre flamand, Gillis de Zwarte, qui fit aussi une chute mortelle après avoir vu un spectre. Et puis il y a jadis eu une fille publique du nom de Magdalena qui s'est noyée dans le puits après avoir vu... un spectre. Or, tous ont eu un rapport d'une forme ou une autre avec Bruys, la maison Unterrainer et Witte. Ce sera à notre Sherlock estonien de démêler l'écheveau (au prix d'une macabre filature, d'un corps à corps et d'un peu de torture, tout de même). Mais bon : élémentaire, mon cher Wentzel.
Dans ce livre comme dans le précédent de l'auteur (L'Énigme de Saint-Olav, Gaïa, 2013), l'intrigue criminelle ne constitue qu'une partie de l'intérêt, l'autre étant la reconstitution de la vie quotidienne de la ville libre de Tallinn au XVe siècle jusque dans ses croyances les plus bizarres au surnaturel, la science médicinale de l'époque, la théorie des humeurs, la magie noire, la vie des moines, l'histoire de l'Ordre Teutonique, sainte Brigitte, les flagellants, etc. C'est donc un roman aussi culturel que policier. Il est bon que le lecteur le sache pour l'entreprendre en toute connaissance de cause, faute de quoi il risquerait de s'ennuyer ferme, alors qu'il sera comblé, au contraire, s'il est féru de connaissances historiques sortant de l'ordinaire.
Citation
Est-ce que les esprits des morts laissent les vivants vivre en paix ?