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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'allemand par Jacqueline Chambon
Arles : Actes Sud, novembre 2013
446 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-02505-2
Coll. "Actes Noirs"
L'égoisme érigé en altruisme
Voici un roman profondément pessimiste. Tout pourrait être simple avec de gentils écologistes membres d'une association de riverains qui tentent de lutter contre de méchants industriels qui veulent installer dans un endroit préservé un parc d'éoliennes - ils ont même déjà liquidé le hamster local, une espèce évidemment protégée. Le groupe des écologistes est mené par un ancien technicien lié aux industriels. Face à eux, le responsable industriel doit absolument faire aboutir le projet qui est la dernière chance de sauver son entreprise. Mais la situation est plus complexe puisque les industriels sont prêts à tout, y compris écraser les opposants, car en cheville avec le monde politique et scientifique pour créer un "monde parfait", c'est-à-dire un monde qui répond à leur soif de pouvoir. Face à eux des riverains mus par l'ambition, la haine et la rancœur. Tout va être déclenché par la découverte du cadavre d'un des principaux opposants (qui suit juste celle de Grossmann, veilleur de nuit du groupe qui promeut les éoliennes). Cet homme possédait un terrain indispensable à la poursuite du projet et refusait de le vendre au grand dam de ses trois enfants qui voyaient déjà l'argent leur échapper. Qui l'a tué ? Les pistes vont s'avérer nombreuses. Face à ce marigot de crocodiles aux mobiles louches, rendu encore plus trouble par les intérêts de chacun (une écologiste a trahi les siens pour de l'argent, une autre se révèle être une ancienne scientifique qui a participé aux recherches sur le climat mais serait une dangereuse meurtrière psychopathe), on pourrait penser que le policier chargé de l'enquête serait le plus serein. Placé au milieu de cette folie qui s'empare de tous il tombe amoureux d'une suspecte qu'il va aider à échapper à ses collègues. Mais surtout, il découvre que c'est son père qui hérite du terrain convoité par tous et imagine ce qu'il pourrait faire de l'argent s'il le vendait aux fameux promoteurs promoteurs. Bref, plus que le vent pour les éoliennes, c'est une tempête de folie qui court tout au long de ce roman, multipliant les points de vue, les traîtrises, les rebondissements et les éléments ténébreux - la psychopathe est-elle réellement folle ou n'est-ce qu'un stratagème des industriels pour la discréditer ? Industriels et écologistes, apôtres du changement climatique ou petites gens, tous sont contaminés par l'argent, par leur propres envies. Humain trop humain, aurait pu dire Friedrich Nietzsche, un autre Allemand, à propos de cette description de personnes mues principalement par leur propre égoïsme, leurs propres intérêts, et du coup, le seul cadavre pour lequel on aura une larme réellement est sans doute celui du hamster.
Citation
Le tumulte devint général. Pris de panique, les gens se ruaient en vague vers la sortie, des chaises volaient, la salle s'était transformée en foire d'empoigne.