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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Philippe Bonnet
Paris : Le Masque, janvier 2014
408 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7024-3848-0
Coll. "Grands formats"
Le climat de Prague est mauvais pour la santé
Sur les pas de Bernhard Gunther, dit Bernie, son héros, Philip Kerr n'en finit pas d'explorer l'Allemagne nazie en mêlant, avec maestria, intrigues fortes et faits historiques authentiques.
Le prologue relate, le 8 juin 1942, le retour de Prague de Bernie Gunther, en compagnie du corps de Reinhard Heydrich. Les faits qui conduisent à cette situation débutent en septembre 1941, quand Gunther, revenu d'Ukraine, retrouve sa place de policier à l'Alex.
Les habitants de Berlin subissent des privations de toutes natures et le couvre-feu. La criminalité évolue, mais les assassinats restent monnaie courante.
Un cadavre a été renversé par un train. Très vite, Bernie comprend qu'il ne s'agit ni d'un accident, ni d'un suicide, pour ce travailleur volontaire originaire des Pays-Bas.
En rentrant chez lui, pendant le couvre-feu, il intervient pour secourir une jeune femme. Son agresseur réussit à s'enfuir malgré un choc avec un taxi en maraude. Gunther, galant, raccompagne Arianne Tauber jusqu'à son logement.
C'est la Gestapo qui emmène le policier examiner un autre corps. Sur place, Gunther conclue, compte-tenu des hématomes et des blessures, qu'il s'agit de l'agresseur qu'il a fait fuir.
Il retrouve Arianne qui tient un vestiaire dans une boite de nuit très chic. Des relations se nouent.
C'est Heydrich qui réclame, sous la forme d'une invitation, la présence de Bernie à Prague alors que celui-ci voulait prendre quelques congés avec Arianne. Celle-ci souhaite l'accompagner malgré les réticences de Gunther. Le véritable motif de cette invitation concerne les sérieuses menaces d'assassinat qui pèsent sur Heydrich. Et Bernie, pour son malheur, est contraint d'accepter la proposition...
Outre les intrigues toujours finement ciselées, et celle qu'il a concocté pour le présent roman ne déroge pas à la règle, c'est toute une page de la grande Histoire que Philip Kerr fait revivre. Il sait, comme peu de romanciers, rendre tangible l'atmosphère qui régnait dans cette Allemagne sous la coupe nazie, ne s'interdisant aucun domaine, tant social que politique.
Avec Bernhard Gunther, son Kommissar attaché à l'Alex, nom donné à la police berlinoise car le bâtiment principal était situé sur l'Alexanderplatz, il fait revivre les différentes étapes de l'installation du nazisme, de son développement, jusqu'à son apogée et sa chute. Il prolonge, dans les années 1950, avec le récit des Allemands, nazis ou non, réfugiés à Cuba et en Amérique du Sud.
Dans Prague fatale, il décrit, en première partie, le Berlin de l'année 1941. C'est une ville où tout est rationné, (sauf pour les dirigeants), où les habitants ne trouvent que des ersatz... quand il y en a ! La criminalité évolue et les délits portent sur le vol de la nourriture, des animaux du zoo pour la viande, des meubles pour se chauffer, des rideaux pour faire des vêtements… Il évoque la loi du 19 septembre imposant le port d'une étoile jaune pour les juifs, comme au Moyen Âge. Il montre aussi le poids de la Gestapo, la terreur qu'elle inspire, qui place tout individu sur la défensive et sur la réserve. Il raconte la saleté, parce qu'il n'y a plus de savon, les odeurs corporelles dans les lieux clôs. Avec Bernie, il relate les échanges, les tractations pour obtenir des boites de conserves, une propriété répréhensible car tout le métal était destiné à l'effort de guerre. Il parle des pulsions suicidaires entretenues par des rescapés du front de l'Est, mais aussi de l'acharnement, de l'attachement des individus à la vie, malgré les énormes difficultés.
La seconde partie, qui se déroule à Prague est l'occasion de montrer comment la guerre et l'occupation étaient vécues dans la Tchécoslovaquie rebaptisée la Bohême-Moravie. Il revient sur les Trois Rois, des soldats tchèques qui luttent contre le nazisme par des actions armées, tant à Prague qu'à Berlin.
Avec ce nouveau roman, Philip Kerr nous offre une magnifique intrigue dans un cadre historique d'une grande rigueur.
Citation
Un choix hitlérien. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de choix du tout.