Loupo

Muriel se planta devant une série de gravures en noir et blanc présentant des hommes et des femmes aux visages torturés. Il se dégageait de l'ensemble une sorte de poésie du désespoir, un hymne triste à la monstruosité.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Loupo

Braquage/Cambriolage MAJ lundi 27 janvier 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16,8 €

Jacques Olivier Bosco
Paris : Jigal, septembre 2013
198 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-92016-06-2
Coll. "Polar"

Truand au noir

Loupo est un braqueur à l'itinéraire classique : orphelinat, maison de correction, escalade dans la délinquance. Avec ses collègues de galère, dont son frère Kangou, ils ont décidé de cramer leur vie. Loupo est surnommé le Flingueur à cause de sa passion pour les armes à feu qui ne le quittent jamais. Jusqu'au jour où, lui qui n'a jamais tué, il blesse gravement un enfant suite à un accident bête. Et ce juste alors qu'il avait rencontré la douce Nora... Une seule solution : se livrer et expier, mais il reste la famille et la tentation du dernier coup, celui qui mettra Kangou et les autres à l'abri du besoin. C'est alors que renaît une menace venue du passé...
On est en droit de se demander à quoi carbure Jacques-Olivier Bosco. On s'est à peine remis du cauchemardesque Le Cramé que l'on prend à nouveau son univers en pleine tronche. En reprenant la figure archétypale du braqueur, l'auteur évoque alors un Peter Randa sous amphétamines, présentant un cousin éloigné du Jean Fraiger du La Vie est dégueulasse de Léo Malet. Un portrait que l'on peut difficilement qualifier de complaisant : l'univers de l'auteur reste le même, fait de nuit, de froid, de banlieue et de désespoir, comme notre monde vu derrière la vitre crasse et brouillée par la pluie d'un RER de banlieue, et nul doute que l'on n'a guère envie d'émuler ceux qui le peuplent... Bien que présentant à peu près les mêmes bases que Le Cramé avec sa vision de truands à l'ancienne ou presque confrontés aux monstres que sécrète la société, ce roman court (aux standards actuels) se veut moins ambitieux, plus ramassé et tout aussi brutal malgré des scènes de violence moins dures, décharge d'adrénaline, qui s'infiltrent directement dans vos veines. L'écriture n'est pas en reste, négligeant les effets de style et même la structure de phrase pour de simples mots expressionnistes, à la façon d'un Jan Thirion shooté au noir. Alors, certes, on retrouve des figures imposées du genre, la fin est à peu de choses près contenue dans le début, mais il est actuellement peu d'auteurs au monde qui osent une écriture aussi viscérale qui, comme le disait Mickey Spillane, prend le lecteur par les cojones dès la première phrase, le happant dans son tourbillon pour le rejeter vaguement groggy avec l'impression d'avoir reçu un direct à l'estomac, puis en pleine tronche. En ces temps où éditeurs comme lecteurs préfèrent les téléfilms prémâchés consensuels et mous de la couenne, il est également courageux d'avoir publié un auteur aussi atypique qui aurait eu sa place dans feue la collection "Engrenage". Il serait dommage de passer à côté...

Récompenses :
Coup de cœur Blues & Polar/Sylvie Turillon 2014

Citation

Les gars étaient comme des fous, ce n'étaient plus des hommes, des gosses, des ados, l'odeur du fric leur avait grillé le cerveau. Ils ne deviendraient jamais des hommes, c'était trop tard. Tard le soir, lorsqu'ils lisaient des histoires dans leur pieu, ils crachaient sur le Petit Poucet, violaient le Petit Chaperon Rouge et boulottaient le corbeau et ce putain de camembert. Le loup les avait bouffés, il avait bouffé leur âme. Le loup était plus grand, plus fort et plus dangereux.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 21 janvier 2014
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