Il n'y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur

C'était le rêve le plus noble que nous ayons jamais eu, et même s'il a échoué, Benny, même si la machine a continué à avancer comme un rouleau compresseur écrasant les Noirs ici, l'Amérique du Sud, l'Afrique, et tous ceux qui nous haïssent à l'étranger, cela aurait pu se passer autrement.
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Roman - Insolite

Il n'y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur

Social - Arnaque MAJ lundi 03 février 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

François Szabowski
Paris : Aux forges de Vulcain, juin 2013
366 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-919176-24-3

Petit traité de manipulation à l'usage des jeunes auteurs

Il n'y a pas de sparadrap pour les blessures de cœur et il n'y a pas de bouclier contre les débiles dangereux et grotesques. Et nul doute que François, personnage principal et narrateur du roman, est un magnifique débile, à classer au sommet de la pyramide des connards géniaux. Et ça se mérite. Pas facile de brosser avec autant d'élégance le portrait de François. Ancien copiste, vaguement écrivain, vaguement punk, vaguement polonais de cœur et authentiquement manipulateur et violent, il réussit le tour de force d'être à la fois terre à terre et rêveur. Vivant en dehors de la réalité, d'amour et de bières, il exploite tous ceux qui l'entourent, n'a ni scrupule ni remord et attendrait presque que ses victimes le remercient tant il lui paraît évident d'être entretenu. Ainsi quand une vieille voisine l'héberge gratuitement, il finit par s'étonner qu'elle refuse de le rémunérer pour sa présence (accompagnée il est vrai d'une activité sexuelle frénétique).

François n'a pas de limite et finit par croire à ses propres histoires étant prêt à tout pour parvenir à ses fins : créer une association de malfaiteurs avec des jumelles de douze ans, voler le goûter d'enfants dans un square, détrousser des clochards, faire croire à une jeune femme que ses enfants sont morts pour pouvoir s'installer chez elle, s'acoquiner avec des punks polonais, attaquer un éléphant à la tronçonneuse et j'en passe. Jusqu'à ce que l'amour s'en mêle. Mais n'ayez crainte, un débile dangereux amoureux reste un débile dangereux, surtout lorsque son amour se heurte à une fin de non recevoir. Mais le doute étant une notion totalement absente de l'esprit de François, il insiste, se livre à une filature et entraîne ses amis dans sa folie héroïque.

Oui, parce qu'il y a de l'héroïsme chez ce personnage, un sens inné de l'épique et de l'aventure. Et l'auteur (prénommé François, on espère qu'il ne s'est pas livré là à une autobiographie, quoi que... "le malheur d'autrui fait toujours chaud au cœur") livre ici un roman spectaculaire. Sa force : un humour incroyable jouant notamment sur le décalage entre un style très soigné, par moment à la limite du désuet, et une intrigue qui va toujours plus loin dans l'outrance et l'absurde. François (l'auteur ou le narrateur, peu importe) parvient à élever manipulation et mauvaise foi au rang d'œuvre d'art. Une œuvre dont on excuse les quelques rares défauts tant elle est bourrée de qualités.

Citation

L'humanité aura fait un pas de géant quand on aura dépénalisé le meurtre.

Rédacteur: Gilles Marchand dimanche 26 janvier 2014
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