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Inédit
Tout public
Gabriel Rodriguez (illustrateur)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Antoine Chainas
Paris : Jean-Claude Lattès, janvier 2014
622 p. ; illustrations en noir & blanc ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7096-4384-9
Pavé réchauffé
La jeune Vic McQueen a une particularité : lorsqu'elle enfourche son vélo, il lui suffit de traverser un pont qui n'existe plus pour retrouver des objets perdus. Jusqu'au jour où elle croise la route de Charles Manx, le tueur d'enfants... Aujourd'hui, après dix années de coma, le meurtrier finit par mourir. Alors pourquoi continue-t-il de hanter les rues dans sa vieille Rolls Royce immatriculée Nofera2 ? Et pourquoi revient-il tourmenter Vic, qui a porté si longtemps sa marque qu'elle en a gâchée sa vie ? Est-elle capable d'atteindre Christmasland, ce terrain de jeu qui n'existe peut-être que dans sa tête ?
Curieux de voir qu'alors que Stephen King (le père) a changé de braquet au moment où il devenait sa propre caricature, Joe Hill (le fils) ressuscite le paveton horrifique... ou plutôt celui des années 1990 - l'ère de Ghost Story (Peter Straub), de Nuit d'été (Dan Simmons) et du Mystère du lac (Robert McCammon), qui sont autant de pavetons fortement inspiré par le succès de... Stephen King. La boucle est bouclée. Souvent d'interminables pavés filandreux, verbieux, boursouflés où l'existence d'un élément surnaturel, de préférence dans une petite ville (qui a dit Castle Rock ?) justifiait toutes les improbabilités jusqu'au grand final au mépris de cette logique de l'impossible qui régit le genre (et s'ils encombraient les étals, la plupart ne furent heureusement pas traduits). Joe Hill continue directement dans cette voie avec ce pavé de plus de six cents pages, reprenant même la figure emblématique kingienne de l'enfant sur une bicyclette, censé être une vision même du bonheur ; quant à ce Christmasland, l'auteur a peut-être lu Le Voleur d'éternité de Barker. Par contre, là où Stephen King dévoilait en détail un quotidien banal d'où jaillissait le fantastique, ce roman se déroule dans un monde virtuel sans descriptions ou presque, sans notes d'atmosphère, ce qui fait que les changements d'époque et la structure éclatée donnent l'impression au lecteur d'être ballotté dans un tourbillon d'événements uniquement reliés entre eux par des objets revenant de façon volontairement obsessionnelle... Un déluge de scènes parfois intéressantes, mais qui semblent arriver de façon arbitraire, centrés autour de quelques points d'ancrage matériels (un vélo, une moto, cette fameuse Rolls Royce) sans que l'on puisse y chercher un quelconque fil narratif. Bien des éléments comme les prétendus pouvoirs de certains personnage ou la relation symbiotique entre Manx et sa voiture (qui a dit Christine ?) se contentent d'exister sans véritable justification. Et lorsque le final nous amène dans ce fameux Christmasland, la conclusion s'avère bien expéditive. Les nostalgiques de la légendaire collection "Terreur" ou les adeptes du "c'était mieux avant" peuvent se laisser tenter, mais si la mode est de regarder forcément dans le rétro, pourquoi tirer le pire de ce que le passé a offert ?
Citation
Manx aimait les enfants. Il en avait fait disparaître des dizaines dans les années 1990. Il avait une maison au pied des Flatirons où il faisait ce qu'il voulait avec eux avant de les tuer et d'accrocher des décorations de Noël à leur mémoire. Les journaux avaient surnommé cet endroit la Maison de Sangta Claus. Oh, oh, oh !