Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Antoine Chainas
Paris : Gallimard, février 2014
234 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014178-4
Coll. "Série noire"
Le gars Marine
Pour son premier roman publié en France après un recueil de nouvelles de très bonne facture, Frank Bill nous emmène au Donnybrook, un tournoi de lutte où tous les coups sont permis. Mais avant d'assister à ce tournoi de gladiateurs malhonnêtes du XXIe siècle, il va y avoir des tours et des détours des principaux protagonistes qui se chassent, se pourchassent, se flinguent et semblent ressusciter des morts pour à nouveau mieux se pourchasser et se flinguer. Au milieu de tout ça, la drogue. La meth, plus exactement, qui permet aux travailleurs en bout de course d'oublier la noirceur d'un monde en déliquescence. Mais la meth de Frank Bill rend également le monde bicolore : noir et rouge hémoglobine, sans compter qu'elle s'accompagne de foutre, de trahisons et de coups tordus. Donneybrook, c'est d'ailleurs une mise en abime de la trahison sauce chinoise avec des garnitures diverses et variées à la mode américaine, mais qui heurtent toutes notre palais. Parmi les nombreux personnages délurés de ce roman qui aime à nous plonger dans un univers gore où le trait est volontairement poussé à l'extrême, il y a Marine et Angus, une version occidentale du Yin et du Yang. Au début, Marine braque un drugstore pour obtenir mille dollars (le coût de l'inscription au Donnybrook) pendant que Angus tue deux associés qui produisent de la meth histoire de ne pas partager le pactole. Mais Marine a une idée bien précise en tête : gagner ce tournoi et rembourser ses dettes avec l'énorme dotation du tournoi Angus quant à lui ne va pas tarder à se faire enfler et plomber. Si dès les premières pages Frank Bill nous plonge dans une réalité crue et sociale (un braquage froid et circonstancié, un double assassinat vite torché), il indique aussi très clairement que les nombreuses forces de l'ordre auront un rôle de faire-valoir quand un patrouilleur est knock outé puis enfermé dans le coffre de sa voiture. La suite d'ailleurs sera très violente pour la police (mais pas que) dont les éléments tombent un peu comme à Stalingrad. Les dialogues sont au diapason : crus et violents. Ils viennent se confronter à cette violence physique qui explose un peu partout rendant au fil des pages chacun des protagonistes plus éclopés que jamais mais mus par la volonté de se venger et d'anéantir ceux qu'ils pourchassent. Cela rend l'ensemble purement jouissif, un peu comme dans un film d'horreur qui met en situation un groupe dans une maison maudite : le spectateur s'amuse toujours de la dispersion des membres du groupe, exterminés un à un alors que c'est bien connu l'union fait la force. Donnybrook donne cette même impression. Frank Bill s'est amusé à amuser son lecteur. Les situations sont toutes plus rocambolesques les unes que les autres. L'écriture est alerte, les chapitres proposent une alternance de séquences qui rythme solidement cette intrigue qui s'appuie sur un texte court aux frontières d'un gore assumé : que demander de plus ?
Citation
Chacun de nos actes a une contrepartie. Il y a un gagnant et un perdant. Je ne suis pas sûr de mon camp, mais je connais le tien.