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Extorsion
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Rivages, mars 2014
128 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-7436-2730-0
Coll. "Thriller"
Actualités
- 21/11 Prix littéraire: Les 25 livres de l'année 2014 du Point
Si l'on retrouve quelques auteurs incontournables de l'année, d'Emmanuel Carrère à Lola Lafon en passant par Adrien Bosc ou Olivier Adam, la sélection des vingt-cinq ouvrages de l'année, élaborée par treize critiques littéraires de l'hebdomadaire Le Point, mélange allègrement essais et romans qu'ils soient français ou étrangers, et brasse plutôt large. Dans cette sélection, on découvre évidemment quelques romans k-librés comme Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud chez Actes Sud et Le Chardonneret de Donna Tartt chez Plon sans oublier Le Fils de Philipp Meyer (Albin Michel) et surtout Extorsion de James Ellroy (Rivages) seul roman à faire partie d'une collection d'éditeur estampillée polar.
Sélection 2014 du Point :
- Le Royaume, d'Emmanuel Carrère (P.O.L.) ;
- Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas, de Paul Veyne (Albin Michel) ;
- Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal (Verticales) ;
- Comme un chant d'espérance, de Jean d'Ormesson (Héloïse d'Ormesson) ;
- Le Météorologue, d'Olivier Rolin (Le Seuil) ;
- Le Chardonneret, de Donna Tartt, traduit de l'américain par Édith Soonckindt (Plon) ;
- Les Plaisirs cachés de la vie, de Théordore Zeldin (Fayard) ;
- Voltaire contre attaque, d'André Glucksmann (Robert Laffont) ;
- Et rien d'autre, de James Salter (L'Olivier) ;
- Changer de modèle, de Philippe Aghion, Gilbert Cette & Élie Cohen (Odile Jacob) ;
- Peine perdue, d'Olivier Adam (Flammarion) ;
- Mémoires : le temps des décisions : 2008-2013, d'Hillary Clinton, traduit de l'anglais par P. Chambon, L. Chemla, P. Chemla & O. Demange (Fayard) ;
- Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud (Actes Sud) ;
- L'Incolore Tsuruku Tazaki et ses années de pélerinage, de Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita (Belfond) ;
- Un bon fils, de Pascal Bruckner (Grasset) ;
- Ça c'est fait comme ça, de Gérard Depardieu & Lionel Duroy (XO) ;
- En finir avec Eddy Bellegueule, d'Édouard Louis (Le Seuil) ;
- Le Fils, de Philipp Meyer, traduit de l'américain par Sarah Gurcel (Albin Michel) ;
- Confucius et les automates, de Charles-Édouard Bouée en collaboration avec François Roche (Grasset) ;
- La Petite communiste qui ne souriat jamais, de Lola Lafon (Actes Sud) ;
- Une constellation de phénomènes vitaux, d'Anthony Marra, traduit de l'américain par Dominique Defert (Jean-Claude Lattès) ;
- Constellation, d'Adrien Bosc (Stock) ;
- Pétain, de Bénédicte Vergez-Chaignon (Perrin) ;
- Le Ravissement des innocents, de Taiye Selasi, traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter (Gallimard) ;
- Extorsion, de James Ellroy, traduit de l'américain par Jean-Paul Gratias (Rivages).
Le jury du Point se compose de treize critiques du journal : Claude Arnaud, Jean-Paul Enthoven, Marc Lambron, Marie-Françoise Leclère, Élisabeth Lévy, François-Guillaume Lorrain, Thomas Mahler, Julie Malaure, Valérie Marin La Meslée, Christophe Ono-dit-Biot, Michel Schneider, Albert Sebag & Laurent Theis.
Liens : Meursault, contre enquête |Le Chardonneret |Maylis de Kerangal |James Ellroy |Claire Gratias |Kamel Daoud - 04/04 Édition: Parutions de la semaine - 4 avril
- 28/03 Librairie: Double signature de James Ellroy
Ellroy en abime
En chimie, il suffit parfois d'éléments particuliers ou d'un chauffage pour obtenir un produit sublimé, un esprit ou une quintessence. En littérature (et c'est sans doute encore plus flagrant au cinéma), il convient souvent au contraire de délayer, d'ajouter des ingrédients pour boursoufler une intrigue. Après des romans dantesque, denses et fouillés, et des tétralogies cathédrales, James Ellroy revient avec un texte court (cent trente pages d'un Rivages "Thriller" au format peu traditionnel) sur ses obsessions : police corrompue, jeux sexuels plus ou moins déviants - deux, trois, plus de partenaires, des couleurs de peau différentes, des sexes tout aussi différents ou pas -, des coups, des meurtres et les remords que cela peut causer parfois. Par-dessus tout, une ambiance généralisée de voyeurisme avec des photos volées vue comme une préfiguration de toute la culture poubelle qui inonde Internet.
Comment construire un court récit avec de telles obsessions ? En utilisant Fred Otash, un personnage réel devenu ici le symbole de l'auteur : ancien policier, assassin d'un suspect, véreux, jonglant avec les femmes, reconverti comme journaliste crapoteux qui utilise ses indics pour aller chercher les photos compromettantes des stars et hommes politiques. James Ellroy sait bien que cette quintessence pourrait n'être qu'une redite. Aussi, il choisit de traiter son sujet avec une forme d'ironie et d'humour. Pour cela, il utilise deux angles grossissants. D'un côté, Fred raconte sa vie depuis le purgatoire où ses anciennes victimes viennent le piquer de leurs petites fourches diaboliques. De l'autre, quelques temps avant sa mort, il avait reçu la visite d'un écrivaillon, nommé James Ellroy qui avait essayé de lui tirer les vers du nez et avait voulu obtenir des documents confidentiels sans se soucier de la méthode. Extorsion transforme par le biais de cette intervention de l'auteur dans son propre récit un texte "habituel" de James Ellroy en une sarabande effrénée tel un tableau de Jérôme Bosch de l'Amérique contemporaine.
Signalons pour les amateurs que le livre se conclut par deux chapitres du futur roman de l'auteur, juste de quoi désespérer le lecteur obligé de ronger son frein pendant une pleine année.
Citation
Ellroy est un casse-couilles. Je l'ai connu sur mon déclin, les derniers mois de ma vie [...] Il m'a tout piqué pour camper un personnage de son roman surmédiatisé LA Confidential. Le bouquin et la superproduction qu'on en a tirée ne cassaient pas des briques.