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Tendre comme les pierres
Grand format
Inédit
Tout public
Un sacré Petra
Les vestiges archéologiques ont souvent suscité l'émerveillement et ont servi de trame aux romans, qu'ils soient classiques ou plus spécifiquement liés au genre policier. Le grand Hercule Poirot s'est lui-même promené aux abords du Nil. S'il a été l'objet de vues cinématographiques, le site de Petra, dont le nom évoque bien le côté rocailleux, est moins bien coté ! Pourtant, il a ses admirateurs, comme ce vieux professeur français qui y travaille depuis des années. Ses mécènes aimeraient bien mettre en avant leur grande bonté d'âme et envoient donc un journaliste, Lionel Terras, pour réaliser un reportage sur son chantier de fouilles. Mais Lionel Terras arrive au moment même où le professeur est emprisonné pour avoir été surpris avec un jeune garçon dans sa chambre d'hôtel. Très vite, le journaliste se pose des questions car des incidents et des gens qui le surveillent lui laissent supposer qu'il y a peut-être des résultats de fouille qui pourraient bouleverser l'ordre du monde.
L'enquête se situe dans le désert, autour de vieux archéologues, dans une forme de méditation et de silence. Plus qu'une enquête, c'est aussi l'itinéraire du journaliste, un vieux cheval de retour qui a sans doute, par cynisme, brûlé, trop de vaisseaux. Ce qui interpelle c'est également la façon dont le sable, la vie des indigènes et la rencontre de femmes va changer sa façon de voir et ainsi le ramener sur les traces de la civilisation. C'est en s'occupant de vieilles traces, de sociétés mortes, en marchant dans les pas de Lawrence d'Arabie que le personnage renoue avec le monde.
Le récit alterne avec intelligence des plages d'action, des phases liées à l'enquête et au thriller (poursuites, bagarres, surveillance, paranoïa, questions, randonnées dans le désert à la recherche d'une vérité qui file entre les doigts comme le sable) et des moments plus contemplatifs (repas avec des bédouins, regards sur les étendues désertiques). Le style de Philippe Georget sait combiner avec les trépidations ou la lenteur, projetant un regard attendri sur les personnages secondaires pour créer un roman noir de qualité, plus méditatif que sombrant dans la surenchère sanglante et ramener à la vérité de la quête : se découvrir soi-même plus que des trésors imaginaires.
Citation
Je ne pus que constater l'évidence : les aboiements du chien n'entamaient en rien la profondeur du silence, ils existaient à côté de lui, indépendamment de lui.