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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Aslanides
Paris : Gallmeister, mars 2014
314 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35178-073-2
Coll. "Noire"
Froid sauvage
Le Wyoming est l'État le moins peuplé des États-Unis, mais aussi sans doute l'un des plus froids. Du début à la fin, Molosses s'en ressent, les personnages se calfeutrent quand ils regardent les températures négatives ou bien se battent contre congères. Quant aux policiers descendants d'indiens, ils suivent les traces de pas dans la neige et non sur les pistes sableuses. Ce froid prenant joue sur l'intrigue qui prend son temps, louvoie, où l'on discute devant un café ou dans la chaleur des maisons, où l'on réfléchit avant de poursuivre un suspect dans la nuit froide et obscure, où la prison sert d'abri chaud à un ami du policier. Le comté qu'a en charge le shérif Walt Longmire est resté très rural, avec ses propres coutumes locales : personne n'a l'air de trouver étrange que des jeunes gens promènent un grand-père attaché à une voiture (même si les raisons pour lesquelles cette situation existe sont d'une drôlerie réconfortante sur la bêtise humaine). L'intrigue commence de manière innocente avec la découverte d'un pouce dans une glacière. À qui peut être ce pouce ? On découvre vite l'étourdi qui l'a perdu (et que cela ne semble d'ailleurs pas traumatiser outre mesure.) Mais suit la découverte d'un cadavre, et il faut bien essayer de chercher les coupables dans le blizzard.
Dans un environ si froid et où tout le monde se connait, les liens sociaux sont importants et le roman s'attarde avec bonheur à présenter sans se moquer, la population, locale - le gardien de la décharge (pardon l'ingénieur chargé du suivi du site municipal de dépôt, tri et récupération des déchets), un policier traumatisé par une autre affaire, une jeune policière amoureuse du shérif, beaucoup plus âgé et qui veut acheter une maison, des veufs et veuves qui entendent mener une nouvelle vie pour combler leur solitude. Bref, toute une humanité décrite avec finesse, par petites touches, dans des relations pudiques et fortes. Le soin apporté aux descriptions des hommes et des lieux (les grands espaces sont souvent présentés dans le roman américain mais ici ils acquièrent une dimension intime et se transforment sous la neige) n'empêchent pas une intrigue intelligente et cousue par un style ironique toute en finesse, ponctuée par quelques scènes d'action (une lutte contre les chiens d'où le titre, la visite de galeries souterraines ou d'une maison que l'on croit vide).
C'est ainsi que Molosses continue une série qui se construit avec soin, chez un éditeur qui construit avec tout autant de soin son catalogue, à l'instar de l'auteur ou des personnages qui savent que l'artisanat et le goût du travail bien fait sont des qualités qu'il convient de cultiver.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°55
Citation
On pourrait le déposer aux objets trouvés (je le regardai gratter son impressionnante barbe). Vous êtes sûr que c'est un doigt, Géo ?