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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du néerlandais par Yvonne Pétrequin
Paris : Le Masque, mars 2014
284 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7024-3935-7
Coll. "Grands formats"
Profession : trafiquante
La structure du roman de la Néerlandaise Eva Maria Staal est très classique avec son lot de chapitres qui racontent la vie de l'héroïne aujourd'hui et, en alternance, d'autres qui reviennent de manière chronologique sur son passé. Aujourd'hui, Eva Maria (comme son auteur...) est une mère de famille normale, un peu dépassée par les événements, mais également une jeune fille un peu chahuteuse. Hier, Eva Maria était une executive woman chargée d'assister un trafiquant d'armes dans ses missions commerciales.
Annoncé comme (en partie) autobiographique, le roman va décrire différentes missions sur plusieurs points chauds de la planète, sur les relations tendues qu'elle entretient avec son patron et surtout l'amant possessif et arriviste de celui-ci. Des missions factuelles, ponctuelles, décrites sans forcément qu'on en comprennent bien les tenants et aboutissants, détaillées mais ponctuées de non-dits et de scènes rudes. Le plus souvent cela ressemble à n'importe quelle activité professionnelle avec des "représentants" qui se retrouvent, se partagent les marchés. Jusqu'au jour où la narratrice est confrontée à une mission qui dépasse ses capacités morales.
L'autre partie est plus factuelle, encore, et développe la vie quotidienne d'une mère de famille, qui, suite à un petit souci scolaire, se retrouve rattrapée par le passé. Le style reste là aussi extrêmement sobre et ce retour du passé n'est pas le lieu de violence ou de montée de tension mais le simple état des lieux d'une ménagère, engluée dans les taches classiques.
Le style neutre et l'absence d'aspérités, de moments de tension intenses (à de rares scènes exceptées : tentative de se débarrasser d'un concurrent, corruption où il faut payer de sa personne) et une construction bancale - qu'est-ce qui est le plus important : les ventes d'armes, la vie quotidienne sans remords ou la relation psychologique entre le patron et son assistante ? - font de Trafiquante un roman très étrange au statut incertain : mémoires légèrement romancées, roman pour se dédouaner de son passé (en tout cas, même dans les ruines de villes on ne sent pas beaucoup d'empathie pour la souffrance), façon pour l'auteur de "nettoyer" sa vie... Seul le côté quotidien, banal du commerce des armes - car ce sont plus des commerciaux en déplacement que d'horribles trafiquants passant clandestinement les frontières, à l'instar de Lord of war, un film qui apparait aujourd'hui déjà ancien au regard de l'évolution de notre monde -, peut attirer l'attention d'un lecteur indulgent.
Citation
Les M22, des Kalachnikovs chinoises. Elles sont moins chères que les authentiques AK-47 mais tout aussi fiables.