Contenu
Pain, éducation, liberté
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du grec par Michel Volkovitch
Paris : Le Seuil, mars 2014
252 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-02-112543-6
Coll. "Policiers"
Jeux financiers
À l'instar des deux précédents romans de cette trilogie qui se clôt avec Pain, éducation, liberté, la structure est identique et en assure ainsi la réussite : un tueur abat différentes cibles. Et, si la première victime laisse encore subsister des doutes quant à la motivation du meurtrier, peu à peu, les victimes successives dessinent un portrait de l'assassin. Dans les trois récits, la crise actuelle en Grèce est au centre des préoccupations des habitants, des protagonistes et bien entendu des énigmes. Ce roman est intitulé Pain, éducation, liberté car il fait référence à un slogan politique. Nous avons eu en France Mai-68 et son lot d'agitateurs gauchistes devenus banquiers, hommes d'affaire et donneurs de leçons. Les Grecs ont eu une version plus rude car ils ont dû subir à partir de 1973 la dictature militaire des colonels qui a en prime enlevé et torturé. Mais les rescapés ont pu, après la chute de ces mêmes colonels, gagner les postes clés, mettre en ordre leurs réseaux d'influence et jouer le même rôle que les soixante-huitards chez nous.
Donc, dans ce volet, avec humour et distance, Pétros Márkaris retrace, à travers les morts successives, cet autre pilier de la démocratie grecque, responsable de la faillite généralisée du système. En contrepoint, il détaille avec soin les petites astuces, les plans B, les manifestations, la vitalité du peuple grec pour essayer de survivre. Il imagine pour cela que le pays en 2014 a abandonné l'euro pour retourner à son ancienne monnaie, la drachme. Charitos, son policier, doit enquêter en sachant qu'il ne sera pas payé pendant trois mois et qu'il doit faire avec les restrictions d'essence et les besoins du gouvernement de l'utiliser comme accompagnateur des CRS locaux. Mélange entre la petite histoire et la grande, entre le quotidien banal et les grandes envolées symbolisées par les membres des grands cabinets européens qui passent en coup de vent prôner l'orthodoxie financière, entre les morts qui s'accumulent et l'enquête qui attend un mort de plus pour comprendre le plan d'ensemble, le roman chemine, dans une suite de digressions et de vignettes, qui, mises bout à bout, comme un patchwork, donnent une leçon d'histoire sur la crise, les victimes et les profiteurs. Un bon roman social qui est aussi un bon cru de l'auteur...
Citation
Ce n'est pas une fête, oncle Lambros, dit Phanis. C'est de la haine. Cent ans après la Première Guerre mondiale, la haine envahit de nouveau l'Europe.