Un notaire peu ordinaire

La politique, les Cubains, les Américains, les Européens, les capitalistes, les socialistes, les communistes, les vers, le tiers-monde, je m'en fous comme de ma première chemise... On a des millions et des millions de dollars qui nous tendent les bras. On s'est battus pour en arriver là. Faudrait vraiment être cons pour s'embrouiller et tout foutre en l'air maintenant...
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Roman - Noir

Un notaire peu ordinaire

Psychologique - Social MAJ mercredi 23 avril 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7 €

Yves Ravey
Paris : Minuit, mars 2014
108 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7073-2394-1
Coll. "Double", 98

Clémence pour le violeur

Dans une petite ville de province bien sous tous rapports, Madame Rebernak vit d'un travail d'agent de service dans un collège. Travail qui lui a été octroyé par ce notaire qui, nous dit-on en titre du roman, est peu ordinaire. Madame Rebernak a un cousin, Freddy, qui était mécanicien auprès de son mari avant qu'il ne s'en prenne à la meilleure amie de Clémence, sa fille. Il l'a violée et tuée. Mais il a purgé sa peine et revient hanter les lieux du passé accompagné d'un chien qui lui permet à nouveau d'envahir une intimité où il n'est pas le bienvenu. Petit à petit, alors qu'il traine dans un bar et sur les bords de l'eau, il se rapproche de Clémence contre l'avis de Madame Rebernak. Sous la plume claire et concise d'Yves Ravey, soucieuse du détail banal, cela donne un drame de vie angoissant à la limite de l'asphyxie. Un fait divers ravageur amené fatalement à se répéter, et qui n'est pas sans rappeler certains sujets de romans de François Mauriac. D'autant plus que les convictions d'une mère, qui se heurte à l'implacabilité d'une administration (qui au passage souhaiterait qu'elle-même subvienne pour partie à Freddy et lui offre le gite et le couvert), viennent se confronter aux affres de l'adolescence insoumise. Mais dans cette atmosphère bourgeoise calfeutrée teintée de petites gens, la réalité des faits est bien plus nauséabonde. Les nantis peuvent transgresser à loisir et changer la véracité des faits, et ce surtout s'ils incarnent un pan de la loi. Ce notaire, coupable de ses pulsions, a fait endosser à un innocent un crime qu'il n'a pas commis. Sûr de son impunité, le notaire est prêt à récidiver, et quand Clémence rompt avec le fils du notaire, ce dernier s'acharne sur elle. Mais Madame Rebernak veille au grain, et si elle ne comprend pas tout tout de suite - elle est plutôt simple, guère vive, même pas alerte sur son cyclomoteur -, il lui reste une vengeance universelle et implacable qui, ironie de l'histoire, lui vient des mains mêmes du notaire, de sa bêtise et de sa trop grande confiance en la manipulation d'autrui. Le notaire, sûr de son fait va alors passer de prédateur à proie, et il paiera à juste titre cash ses erreurs dans un final où la morale ne ressort pas indemne mais pour le coup on a vraiment envie de s'en moquer. Reste une question en suspens : pourquoi Freddy n'a-t-il rien dit ? Mais Yves Ravey nous l'explique posément dans ce très court roman qui se lit (dés)agréablement d'une traite et qui est narré à la troisième personne du singulier par le frère de Clémence.

Citation

Mais ce n'était pas suffisant : le notaire a précisé qu'elle devait se rappeler d'une chose, avant tout, c'est qu'il avait aidé sa mère à obtenir ce poste d'agent de service au collège etqu'il pourrait l'aider dans le sens contraire, si tu vois ce que je veux dire, a-t-il poursuivi en jouant avec sa clé de contact, qui s'agitait à l'extrémité de ses doigts, sous les yeux de Clémence.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 23 avril 2014
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