Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Postface de Michael Carlson
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Robert Pépin
Paris : Points, avril 2014
352 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-4270-6
Coll. "Crime", 1761
Sources d'inspiration
L'une des questions que l'on doit poser le plus à un auteur de romans (et plus spécifiquement de romans policiers) c'est la sempiternelle interrogation : "Où allez-vous chercher tout cela ?" Si les réponses peuvent diverger, ce recueil d'articles de Michael Connelly est une manière de réponse. Journaliste (il a même obtenu le prix Pultizer), Michael Connelly a débuté en Floride en s'occupant d'affaires criminelles avant d'aller sur Los Angeles pour travailler sur le même thème. Ce n'est sans doute pas un hasard si, devant rendre compte d'un cambriolage dans lequel les voleurs étaient passés par les égouts, il choisit comme thème de son premier roman publié, une intrigue qui tournait autour du même motif (Les Égouts de Los Angeles).
Au fil des articles recensés et repris de 1984 à 1992, l'on va suivre des éléments que les amateurs de l'auteur retrouveront dans ses récits : le recueil s'ouvre par le compte-rendu d'une immersion du journaliste dans les services de la brigade homicide. Cela donne lieu à une description fine du quotidien, des heures supplémentaires, du travail de fourmi qui n'aboutit pas forcément, des recoupements fastidieux. Les autres articles vont donner des éclairages divers sur la police avec ses réussites, ses échecs et ses bavures, les victimes, de meurtres absurdes, des tueurs en série, des tueurs à gage et des crimes de hasard. On repère au détour d'un article un cadavre retrouvé dans un coffre de voiture qui servira de point de départ à un roman, des détails sur le fonctionnement exotique de la justice américaine avec ses avocats et leurs clients qui portent plainte contre la police, parfois à juste titre mais souvent avec une mauvaise foi évidente. Ces éléments ne seront sans doute pas pour rien dans la création du deuxième personnage récurrent des textes de Michael Connelly, un avocat des rues, lorsqu'il se fatiguera un peu de l'inspecteur Bosch.
Parfois redondant, car plusieurs articles suivent une même affaire et le journaliste doit redire les éléments pour la compréhension des lecteurs,le recueil se fond dans une rédaction froide et clinique où il se garde bien de donner un avis. Dans deux affaires où les policiers abattent des suspects, l'on sent bien qu'il ne croit pas une seconde à la version policière, mais il ne le dit jamais explicitement et c'est uniquement la construction de son texte qui permet de rendre compte des hiatus à la vérité et la version des policiers.
Chroniques du crime ressort dans une nouvelle collection de poche dirigée par Stéphane Bourgoin. Elle intéressera principalement les lecteurs plus spécialisés dans le point précis de l'article journalistique sur le crime, ceux qui cherchent à comprendre ce qui peut nourrir l'imagination d'un écrivain et, enfin, les passionnés de l'auteur. Mais cela peut déjà faire du monde, surtout à un moment où l'inspecteur Bosch connaît la "consécration" d'une série télévisée inspirée de ses exploits.
Citation
Il est maintenant 13 h 40, lundi 29 juin. Que tant de monde s'inquiète pour Walter Moody a eu pour résultat d'envoyer deux policiers et un serrurier de Fort Lauderdale frapper à la porte de son appartement.