Rouge sur rouge

Les violents. Ils ont tendance à être sentimentaux. Ça doit être un substitut de compassion. Une sorte d'ersatz de vrais sentiments. J'ai lu quelque part que les nazis de haut rang pleuraient en écoutant Wagner.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Rouge sur rouge

Procédure - Faits divers MAJ mardi 06 mai 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,8 €

Edward Conlon
Red on Red - 2011
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Bastide-Foltz
Arles : Actes Sud, mars 2014
566 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-03035-3
Coll. "Actes Noirs"

Chaudron du quotidien

"Rouge sur rouge" est une expression américaine qui signifie que l'on tire sur son propre camp. Dans le présent roman, il s'agit de deux coéquipiers du fameux NYPD, la police new-yorkaise, Nick Meehan et Esposito. L'un des deux est dans le collimateur de la police des polices et ces derniers mettent la pression sur Nick pour qu'il dénonce son camarade ou, au moins, qu'il informe des possibilités de le coincer. Au fil du quotidien de Nick Meehan pris entre diverses fidélités : il aime encore sa femme dont il est en instance de divorce ; il tombe néanmoins amoureux d'une fleuriste qui est peut-être liée à un gang (son mari est en prison et son fils déteste cordialement le policier) ; il croit une jeune fille peut-être victime d'un violeur en série mais dont le témoignage est bien fragile et les mœurs légères malgré ses treize ans. Surtout, il ne veut pas trahir son coéquipier...
Tout le sel du roman tient en cette suite tragique : Nick ne trahit pas (ou si peu), mais chacun de ses gestes peut être interprété par son coéquipier comme une menace potentielle. Chargé d'enquêter sur plusieurs affaires en même temps, livré au quotidien le plus abrutissant d'une brigade de la ville (le roman raconte des scènes tirées du vécu et notamment la difficulté pour les policiers de traîner au standard et de répondre aux innombrables coups de fil les plus saugrenus), Nick Meehan est sans cesse tiraillé entre ses diverses fidélités. Un tragique qui sait se moduler de moments comiques comme la longue scène où les policiers se déguisent pour coincer un suspect. Le chef de la police, qui veut assister à l'opération, y voit surtout l'occasion de porter un habit de prêtre et au milieu de l'action, un vieux policier, obligé de pelleter la neige pour faire croire à son déguisement a une crise cardiaque.
Ancien policier new-yorkais lui-même, Edward Conlon décrit avec justesse et sensibilité le quotidien meurtri de policiers, coincés dans des réglementations absurdes (à un moment un voisin de Nick Meehan est abattu par un gangster qui croit ainsi se venger du policier mais Nick ne peut pas faire grand-chose car il habite dans un immeuble situé trop près du commissariat ce qui est interdit par le règlement). Il sait aussi décrire, en des pages sensibles, les liens qui peuvent se créer avec un témoin ou un suspect, la violence quotidienne dans une grande cité, sous le regard blasé des voisins qui ne veulent rien savoir.
Le tout oscille entre une bonne intrigue à la Ed McBain, qui fleure bon la justesse de ton et une étude approfondie d'un milieu connu de l'auteur. Rouge sur rouge sait alterner des moments de repos où les policiers évoquent leur métier, cherchent à gérer une vie sentimentale ou familiale complexe et des moments plus rudes de violence urbaine, sans jamais chercher à apitoyer le lecteur ou donner une image idyllique de ses personnages, perdus dans une jungle qui les dépasse, coincés dans un monde où chaque individu pousse ses propres pions pour assouvir ses propres désirs sans se soucier des conséquences.

Citation

Nick se releva et, dans la lumière des phares, embrassa des yeux le spectacle des déchus et de ceux qui avaient chu. Un mauvais rêve que tous avaient fait.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 28 avril 2014
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