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La Traque de la musaraigne
Grand format
Inédit
Tout public
216 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-92016-13-0
Coll. "Polar"
Quand les crocodiles sortent des marigots
Ailleurs l'herbe est plus verte... C'est sans doute ce que pense Stéphane Néguirec, un Breton venu chercher l'aventure et l'inspiration poétique en Afrique, plus précisement à Cotonou au Bénin. C'est sans doute aussi ce à quoi réfléchit Déborah Palmer, jeune africaine qui veut épouser un blanc. C'est peut-être aussi le rêve de Jésus Light, voyou ghanéen qui vient de commettre un vol et qui est poursuivi par la police. S'enfuir au Bénin et retrouver Paméla, sa complice, partie avec l'argent, puis vivre tranquillement, telle est son ambition.
Roman où chacun rêve d'exotisme, La Traque de la musaraigne est l'occasion de remettre les pendules à l'heure : pas de facilités stylistiques ou de bibelots de pacotille pour touristes en mal de dépaysement car Jésus visite les prisons locales et se confronte à la corruption endémique ; Stéphane découvre que le continent noir n'accueille pas forcément à bras ouverts un pauvre blanc sans talents particuliers, que l'amour fou avec une "indigène" c'est surtout un mariage "blanc", passeport magique pour ce qui lui même essaie de fuir. Qui plus est, il est français, ce qui est bien vu au Bénin, non comme soutien mais comme otage potentiel à kidnapper et à vendre aux islamistes du nord du pays qui viennent ainsi faire leur marché d'impies. Cela permet à Florent Couao-Zotti de montrer aussi l'envers du décor : les petits truands, les idéologies dévoyées et dans l'air du temps en même temps que le petit peuple prompt à réagir aux injustices et à aider une jeune femme.
Servi par un style nerveux qui sait alterner des plages d'action et des descriptions fines du milieu et des paysages, le roman dirige avec soin, sans pathos, les itinéraires des trois personnages jusqu'à leurs retrouvailles finales sur un bateau, logiquement baptisé Le Titanic. Le final montre le blanc seul à s'en sortir, cabossé par la vie mais pouvant retrouver la "civilisation", comme une allégorie de la réalité tragique et noire de l'Afrique.
Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2014
Citation
Nid de poule, tranchées de voyous, baignoires de crocodile, tous les trous se succédaient avec autant de variété que de régularité. Parfois, c'étaient des arbres morts, principalement des cocotiers et des palmiers, que de jeunes gens culbutaient en travers du chemin pour rançonner les automobilistes.