Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Mélanie Fazi
Paris : Delpierre, février 2014
406 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-37072-001-6
Cold case
Depuis quelques années, et l'émergeance de nombreuses séries télévisées policières, l'on commence à imaginer que les progrès scientifiques vont permettre de résoudre des affaires anciennes, ces fameux "cold cases" mis à l'ordre du jour par Roy Vickers (qui vient d'être rééditée chez Omnibus sous le titre Service des affaires classées : 36 crimes presque parfaits). Ces progrès viennent d'atteindre la Grande-Bretagne et la police décide de ressortir d'anciens cas restés sans solution comme ce meurtre de l'étudiante Dani Lancing. Le commissaire Tom en est professionnellement heureux car il va ainsi pouvoir se pencher sur ce mystère qui date de vingt ans et dans lequel il est personnellement impliqué : sa petite amie de l'époque a été droguée, violée puis assassinée.
Le roman va donc se dérouler sur trois trames parallèles : aujourd'hui, les réactions à cette nouvelle possibilité et la façon dont survivent les victimes de ce drame (une mère ancienne journaliste qui se dévoue à la recherche de la vérité, un père poursuivi par le fantôme de sa fille) ; des retours en arrière qui reviennent sur la vie tumultueuse de Dani Lancing, l'étudiante assassinée ; et un antagonisme entre le commissaire et un ancien légiste, ce qui va permettre des rebondissements surprenants.
Chacune des trois pistes, traitées stylistiquement avec la même intensité et le même sens du détail, apportent des éléments qui donnent de la densité au texte : les événements maintiennent la tension et révèlent des pistes intelligentes menées avec soin, dévoilant peu à peu la vérité. De même les flashbacks sont l'occasion de présenter un portrait plus acerbe de la victime : jeune fleur fauchée par la vie, mais fleur plus vénéneuse qu'il n'y paraît.
Ce qui retient le plus l'attention c'est la troisième piste développée par l'auteur : nous suivons avec intelligence et finesse la vie des deux parents de Dani et la façon dont ils tentent de gérer vingt ans après leur deuil : la mère est une battante qui veut toujours retrouver l'assassin, y compris en utilisant des méthodes contestables, et le père, même s'il est plus passif, est décrit dans sa vie aux côtés du fantôme de sa fille, spectre avec qui il a de longues conversations. En contrepoint, la silhouette du policier, ami d'enfance, amoureux incompris et à l'esprit tourmenté, réserve de belles surprises.
Le Dernier hiver de Dani Lancing parvient à mixer avec soin les émotions, les tensions, des personnages crédibles et une enquête qui se renouvelle régulièrement par de nouveaux éclairages pour créer un premier roman intelligent, sensible, prêt à être porté sur écran (l'auteur étant dramaturge et réalisateur, cela doit aider) mais qui reste plus intéressant que ce simple constat d'une éventuelle adaptation.
Citation
Elle est entièrement vide. Évidemment. Les véritables monstres ne se cachent pas dans les armoires.