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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Alain Gnaedig
Paris : Gallimard, mars 2014
594 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014144-9
Coll. "Série noire"
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
Cela ne vous aura sûrement pas échappé mais c'est l'été. Et avec l'été, les différents magazines littéraires, les suppléments des quotidiens, les blogs et les sites de librairie y vont de leurs sélections de l'été. Eh oui, car la saison - comme toutes les autres, d'ailleurs ! - est propice à la lecture, cette fois-ci farniente. Et quoi de mieux, si l'on n'a absolument pas envie de réfléchir, de reposer ses neurones, que de lire des romans policiers ? L'ironie des propos ne vous aura pas échappé, et en ce qui concerne les sélections de la Librairie Compagnie (58, rue des Écoles - 75005 Paris. Tél. : 01.43.26.45.36), certains ouvrages - on pense à ceux parus à la "Série Noire" de Thomas Bronnec, D.O.A. et Dominique Manotti ou à Après la guerre de Hervé Le Corre chez Rivages - vont véritablement à l'encontre de cette littérature de gare ayant débarqué à la plage. Et puis surtout le très conséquent Hérétiques de Leonardo Padura présent dans la première sélection, la seule à être réduite à quatre titres, dont deux de littératures policières. La seule sélection intéressante car mêlant tous les genres et obligeant de par son nombre réduit à faire des choix personnels. Sinon, les grands formats et les poches sont en nombre conséquent (treize et vingt-huit) ce qui peut déconcerter - d'autant plus qu'il est difficile d'y voir une cohérence (hormis l'affection pour Peter May), mais il faut viser un large public. Quoi qu'il en soit, ces sélections remettent certains ouvrages en avant (et nombre d'entre eux sont sur k-libre. Ne boudons pas ce plaisir. Bon été !
Les Livres de l'été :
- Pour que tu ne te perdes paq dans le quartier, de Patrick Modiano (Gallimard, "NRF") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- 1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s'est effondrée, d'Eric Cline (La Découverte).
Romans policiers grand format :
- Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir") ;
- Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Policiers") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- Temps glaciaires, de Fred Vargas (Flammarion) ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...) ;
- Les Ombres de Katyn, de Philip Kerr (Le Masque, "Grand format") ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Violence en embuscade, de Dror Mishani (Le Seuil, "Policiers") ;
- La Chasse au trésor, de Andre Camilleri (Fleuve, "Noir") ;
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- Pu-Khtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine) ;
- Le Garçon qui ne parlait pas, de Donna Leon (Calmann-Lévy).
Polars en poche :
- Citoyens clandestins, de D.O.A. (Folio, "Policier") ;
- L'Homme de Lewis, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- L'Île des chasseurs d'oiseaux, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Nous cheminions entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar (Points, "Romans noirs") ;
- Délivrance, de Jussi Adler-Olsen (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Pain, éducation, liberté, de Pétros Márkaris (Points, "Policier) ;
- Journal 1966-1974, de Jean-Patrick Manchette (Folio) ;
- Police, de Jo Nesbø (Folio, "Policier") ;
- Black-out, de John Lawton (10-18, "Domaine policier") ;
- Les Douze enfants de Paris, de Tim Willocks (Pocket, "Thriller") ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Pocket, "Policier") ;
- Trois cercueils se referment, de John Dickson Carr (Le Masque, "Masque jaune") ;
- Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté (Points, "Policiers") ;
- Je suis pilgrim, de Terry Hayes (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers") ;
- La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir") ;
- Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Points, "Policiers") ;
- Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Points, "Policiers") ;
- Au service surnaturel de sa majesté, de Daniel O'Malley (Pocket, "Thriller") ;
- La Disparue d'Angel Court, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives") ;
- Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers") ;
- Le Sceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives") ;
- D., de Robert Harris (Pocket, "Thriller).
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Qui tire les ficelles ?
Tout est dans l'art de la manipulation : manipulation d'un tueur qui attire puis tue des policiers sur d'anciens lieux de crime inexpliqués ; manipulations d'un prédateur sexuel lent et patient, quasi invisible dans le roman, mais encore plus glaçant qu'Hannibal Lecter ; manipulations des hauts fonctionnaires de la police et de la municipalité pour obtenir plus de pouvoirs et de statuts. Au cœur de l'intrigue, d'autres manipulations, plus intimes : une stagiaire de la police qui drague Harry Hole et essaie d'arriver à ses fins ; un "brûleur", c'est-à-dire un policier qui manipule à charge ou décharge les preuves de la police pour inculper ou libérer des citoyens ; le directeur de la police qui joue des coudes pour conserver une position plus que fragile ; Harry Hole lui-même qui, malgré sa conscience d'honnête homme, est obligé de tricher et de maquiller les éléments de l'enquête pour obtenir ce qu'il veut.
L'intrigue est complexe. D'une part, un tueur de policiers qu'il faut arrêter, de l'autre, les premier éléments qui entraînent vers un prédateur sexuel qui a maquillé sa mort en prison et terrorise tous ceux qui pourraient le reconnaître. S'y greffent deux enquêtes en stand-by (mais qui rebondissent dans ce volet) sur la mort de deux dealers trafiquants de drogue : un dealer des rues et un grossiste. Deux enquêtes qui mettent en jeu la respectabilité du directeur de la police et la nouvelle vie apaisée de Harry Hole.
La manipulation, c'est avant tout le travail stylistique de Jo Nesbø. Par une utilisation impressionnante de l'implicite, du non-dit, des sauts temporels, de la syntaxe, l'auteur nous fait croire à des éléments qu'il fait disparaître quelques pages plus loin, obligeant parfois à une relecture pour discerner les pièges tendus. Sans dévoiler l'histoire, le roman débute par de longs chapitres autour d'un comateux que la police aimerait interroger et que le directeur de la police aimerait bien voir disparaître. Le lecteur pense qu'il s'agit de Harry Hole, laissé agonisant dans le volet précédent. Puis la réalité se révèle autre... Et ce n'est qu'un exemple, qui se multiplie de manière anxiogène tout au long du roman, Jo Nesbø poussant le vice jusqu'à glisser des petits détails qui au final auront des explications et des raisons très importantes pour l'histoire.
Police est construit de main de maître, par un auteur en pleine possession de ses moyens, décrivant, comment, face aux événements, l'humain se déplie, se déploie, se dévoile, se transforme et évolue pour survivre, pour préserver ses intérêts, et comment cette préservation provoque des vagues qui chahutent les autres, les obligeant eux aussi à manipuler pour défendre leurs propre pré carré, dans une valse noires qui ne s'arrête jamais.
Citation
D'une façon étonnante, c'était comme s'il continuait d'être ce qu'il avait toujours été, un trou noir qui dévorait tout ce qu'il y avait de bien autour de lui, qui engloutissait tout l'amour qui lui était donné, et aussi celui qui ne lui était pas donné.