Police

C'est triste de penser à ce squelette sans tête sous cette eau vive et froide. Je ne regrette pas la mort de l'homme, mais j'aurais voulu mieux maîtriser mes émotions.
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Roman - Policier

Police

Psychologique - Tueur en série - Vengeance MAJ vendredi 23 mai 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Jo Nesbø
Politi - 2013
Traduit du norvégien par Alain Gnaedig
Paris : Gallimard, mars 2014
594 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014144-9
Coll. "Série noire"

Qui tire les ficelles ?

Tout est dans l'art de la manipulation : manipulation d'un tueur qui attire puis tue des policiers sur d'anciens lieux de crime inexpliqués ; manipulations d'un prédateur sexuel lent et patient, quasi invisible dans le roman, mais encore plus glaçant qu'Hannibal Lecter ; manipulations des hauts fonctionnaires de la police et de la municipalité pour obtenir plus de pouvoirs et de statuts. Au cœur de l'intrigue, d'autres manipulations, plus intimes : une stagiaire de la police qui drague Harry Hole et essaie d'arriver à ses fins ; un "brûleur", c'est-à-dire un policier qui manipule à charge ou décharge les preuves de la police pour inculper ou libérer des citoyens ; le directeur de la police qui joue des coudes pour conserver une position plus que fragile ; Harry Hole lui-même qui, malgré sa conscience d'honnête homme, est obligé de tricher et de maquiller les éléments de l'enquête pour obtenir ce qu'il veut.
L'intrigue est complexe. D'une part, un tueur de policiers qu'il faut arrêter, de l'autre, les premier éléments qui entraînent vers un prédateur sexuel qui a maquillé sa mort en prison et terrorise tous ceux qui pourraient le reconnaître. S'y greffent deux enquêtes en stand-by (mais qui rebondissent dans ce volet) sur la mort de deux dealers trafiquants de drogue : un dealer des rues et un grossiste. Deux enquêtes qui mettent en jeu la respectabilité du directeur de la police et la nouvelle vie apaisée de Harry Hole.
La manipulation, c'est avant tout le travail stylistique de Jo Nesbø. Par une utilisation impressionnante de l'implicite, du non-dit, des sauts temporels, de la syntaxe, l'auteur nous fait croire à des éléments qu'il fait disparaître quelques pages plus loin, obligeant parfois à une relecture pour discerner les pièges tendus. Sans dévoiler l'histoire, le roman débute par de longs chapitres autour d'un comateux que la police aimerait interroger et que le directeur de la police aimerait bien voir disparaître. Le lecteur pense qu'il s'agit de Harry Hole, laissé agonisant dans le volet précédent. Puis la réalité se révèle autre... Et ce n'est qu'un exemple, qui se multiplie de manière anxiogène tout au long du roman, Jo Nesbø poussant le vice jusqu'à glisser des petits détails qui au final auront des explications et des raisons très importantes pour l'histoire.
Police est construit de main de maître, par un auteur en pleine possession de ses moyens, décrivant, comment, face aux événements, l'humain se déplie, se déploie, se dévoile, se transforme et évolue pour survivre, pour préserver ses intérêts, et comment cette préservation provoque des vagues qui chahutent les autres, les obligeant eux aussi à manipuler pour défendre leurs propre pré carré, dans une valse noires qui ne s'arrête jamais.

Citation

D'une façon étonnante, c'était comme s'il continuait d'être ce qu'il avait toujours été, un trou noir qui dévorait tout ce qu'il y avait de bien autour de lui, qui engloutissait tout l'amour qui lui était donné, et aussi celui qui ne lui était pas donné.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 20 mai 2014
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