Contenu
Les Grandes affaires criminelles de l'Oise
Grand format
Inédit
Public connaisseur
384 p. ; illustrations en couleur ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8129-0711-1
Coll. "Histoire et documents"
Noises dans l'Oise
Pour une fois ce sont les deux affaires les plus récentes du recueil qui sont les plus connues. "Le Tueur de l'Oise" a frappé pendant un an entre 1978 et 1979, volant des voitures, les piégeant avec des bombes artisanales pour blesser policiers et gendarmes. Il commet un hold-up, tire sur une jeune fille qu'il avait embarqué, renverse une autre en voiture puis tue une troisième à coups de carabine. Une quatrième auto-stoppeuse est grièvement blessée et restera paralysée. Les témoignages des survivantes permettent de dresser un portrait robot mais ce sont surtout les lettres anonymes que reçoivent les gendarmes qui leur mettent la puce à l'oreille : le style fait inévitablement penser à celui d'un collègue ! De fait, de recoupement en recoupement, les enquêteurs ne vont pas tarder à cerner un gendarme participant aux recherches. Alain Lamare sera arrêté mais diagnostiqué en état de démence au moment des faits, il ne sera jamais jugé...
Bruno Dehaye réussit très bien à synthétiser cette affaire en coupant son texte en mini paragraphes datés. On y lit, en filigrane, la montée de la folie d'un homme qui cherche, sans doute inconsciemment, une chose : se faire arrêter.
Même talent pour traiter l'affaire Marcel Barbeault qui, à partir de 1969 jusqu'en 1976, va tuer huit personnes à coups de carabine. Aucune piste si ce n'est le protocole dont témoignent les scènes de crime : les jeunes femmes, toutes brunes, sont à moitié dévêtues et trouvées à genoux, leur sac volé. Un nouvel enquêteur reprend les données et suppose que l'assassin, posté près du robinet caché d'un cimetière juste avant un meurtre, ne peut être qu'un familier des lieux et donc ayant un proche enterré là. Le relevé de tous les noms sur les tombes, puis l'enquête auprès des familles et le recoupement des alibis, vont permettre de coincer Marcel Barbault, employé en trois huit chez Saint-Gobain, marié et père de famille insoupçonnable. Il a perdu sa mère (brune), a commis quelques vols dans le passé. Les perquisitions et les examens de diverses carabines confondront le serial killer.
Les autres affaires de cet épais recueil possèdent les motifs très stables de la criminalité en campagne. Mauvais garçons assassinant qui un cafetier, qui une veuve, qui un chauffeur de taxi, taiseux incendiaires, famille décidant d'éliminer le grand-père, femme poussant son amant à tuer le mari à coups de marteau etc. La veuve Timmermans en 1934, battue, attachée à une chaîne comme un chien, se révolte et révolvérise son mari. Acquittée. Pour cette affaire, comme bien d'autres au début du recueil, l'auteur use de la fameuse technique de la novélisation qui consiste à choisir des narrateurs qui content l'histoire (ici, la veuve, puis le maire, le maréchal des logis puis le président de la cour), formule laborieuse qui n'apporte rien de plus si ce n'est de la fausse empathie et du mauvais mélodrame. Pourtant, comme il le prouve dans les autres histoires, Bruno Dehaye possède assez de style pour ne pas tomber dans ces pièges sous prétexte de varier la lecture et "divertir" le lecteur.
On retiendra aussi l'affaire HH (une marque sur un vêtement), en 1889 qui commence comme un "crime du rail" avec la découverte d'un cadavre sur une voie. Il est identifié grâce à des factures trouvées dans ses poches et aux marques des habits comme celui d'Hippolyte Hoyon. Serait-ce un suicide ? Mais des taches de sang sur un pont indiquent une attaque et un meurtre. Hippolyte a été balancé par-dessus le garde-fou. L'enquête minutieuse se concentre autour de la victime et d'un ami proche, sans doute l'assassin. Le juge est tenace. Il parvient à trouver une photo d'Hippolyte et malgré les horribles blessures du cadavre constate que ce ne sont pas exactement les mêmes traits. Voilà une belle substitution d'identité pour escroquerie aux assurances qui nous change un peu des crimes après-boire.
Citation
Monsieur Deibler, le bourreau, fait signe à HH de s'avancer.