Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
220 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-36890-095-6
Coll. "Rives noires"
Accusé, levez-vous !
Les auditeurs du service public doivent rechercher dans leur mémoire ce que le nom de Christian Bindner leur évoque. Et puis, ils se souviennent qu'il a été un chroniqueur judiciaire. Et c'est justement dans ses propres souvenirs qu'il a pioché pour donner de l'épaisseur à son intrigue. Le sujet en est simple : Baptiste est un homme ordinaire dont le fils a été enlevé et violé. Il a retrouvé le coupable et a "fait justice". Il passe en jugement, et nous sommes dans sa tête durant les quelques heures où le jury et les magistrats se sont retirés pour délibérer. Ses pensées oscillent entre des retours sur l'affaire, des réflexions sur la justice, des souvenirs d'affaires célèbres auquel il a assisté et des évocations de la condition pénitentiaire. Comme nous sommes dans le flux de pensées du narrateur, le style s'adapte, revient, se redit, précise un point, vagabonde. On passe d'une journée en prison, à ses relations avec son épouse, puis à une remarque sur l'une des jurées.
Même si le sujet est délicat et qu'évidemment la sympathie va naturellement au personnage central, assassin certes, mais avec des circonstances atténuantes, l'auteur n'a pas écrit un roman à charge. Finement, le déroulement des pensées de Baptiste renvoie aux atermoiements du lecteur. Le style et la structure permettent lorsqu'un moment devient fort émotionnellement de changer de lieux, de temps et ainsi de faire retomber la tension. La suite ne sera que silence, et montre aussi une machinerie judiciaire bien rodée, un théâtre où il s'agit aussi de briller, où les effets de manche sont importants, autant pour l'avocat que pour les autres acteurs. Christian Bindner évite aussi de trop dévoiler des débats dont les lecteurs et spectateurs connaissent (ou croient connaître) les rouages pour offrir de beaux portraits en quelques lignes comme celui de l'ex-épouse de Baptiste.
Sur des sujets graves de la pédophilie à la peine de mort en passant par la vengeance et la justice, l'auteur parvient à nous intéresser comme il le faisait dans ses chroniques radio, c'est-à-dire sans pathos, avec empathie, délicatesse et humanité, décrivant sans (trop) juger et se retirant sur la pointe des pieds pour laisser le lecteur réfléchir.
Citation
Je n'ai jamais été aussi seul, bouclé à double tour, à attendre et attendre encore. Le cœur en paix, oui, mais une tempête dans la tête.