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Roman - Thriller

Une ombre au tableau

Énigme - Guerre - Artistique MAJ mardi 03 juin 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Joseph Hone
Goodbye Again - 2011
Traduit de l'anglais (Irlande) par Françoise Jaouën
Paris : Baker Street, avril 2014
344 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-917559-41-3

Les clairs obscurs de l'âme

À regarder certains tableaux de Modigliani, le spectateur se dit que les cous ne sont pas bien proportionnés, et que les yeux ont parfois des formes triangulaires peu ressemblantes. Il observe d'autres particularités qui pourraient s'assimiler à des défauts et, pourtant, il se dégage une force, une vitalité et une beauté de cet ensemble disparate. Dans le roman de Joseph Hone, le lecteur peut se faire les mêmes réflexions : l'intrigue menée tambour battant possède certains éléments très étranges. Alors qu'il vient de perdre sa petite amie, qui s'est suicidée sous ses yeux, Ben Contini en retrouve une autre, Elsa, qui lui ressemble étrangement. S'en suit une sombre histoire d'œuvres d'art volées aux juifs durant la Seconde Guerre mondiale à la suite de la découverte dans le grenier de sa mère d'une toile justement de Modigliani. Une fuite en France et la montée dans une péniche pour échapper à des tueurs plus tard, il découvre que cette dernière sert aussi à des trafiquants de drogue qui se mettent à leur tour à le pourchasser. Alors, il saute en Allemagne, puis en Italie avant d'effectuer un petit détour par New York où il est à nouveau confronté au suicide de sa petite amie. Pourtant, comme chez Modigliani, le lecteur se laisse entraîner par cette aventure racontée en double voix formée par Ben et Elsa. La recherche des solutions aux énigmes policières (pourquoi le père de Ben cachait-il un tableau de Modigliani dans ses affaires ? Quel est le lien avec le père d'Elsa ? Pourquoi la compagne de Ben s'est-elle suicidée ? Pourquoi sont-ils poursuivis ?) se double d'une aventure endiablée et de réflexions sur le devenir des deux personnages, pris dans leurs contradictions, leurs désirs et leurs rapports ambigus aux pères - le tout renvoyé en écho par la mort de la compagne de Ben. Étrangeté supplémentaire qui fait son charme et donne un ton particulier : alors qu'il sont poursuivis, et que le thriller est souvent une apologie de la vitesse, les héros décident de fuir en utilisant ce qui est sans doute le moyen le plus lent et le plus dangereux, une péniche ! Ce retour aux temps lents - combiné à la passion de Ben qui est lui aussi peintre, aux deux héros qui veulent savourer la vie (de nombreuses incartades gastronomiques le montrent), à un style qui batifole entre efficacité et goût de la description, où Joseph Hone prend son temps pour entrer dans l'histoire et s'attarde après sa résolution comme lorsque l'on est devant un tableau et qu'avant de s'arracher à sa contemplation, on a un dernier regard pour cette beauté émanente -, est savoureux.

Citation

Nous partîmes à toute allure, aussi vite que pouvaient aller deux personnes menottées ensemble, sautant dans les flaques d'eau de la clairière, glissant dans des torrents boueuse, nous relevant, filant vers les arbres à une cinquantaine de mètres de la maison.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 27 mai 2014
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