Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-917875-53-7
Que personne ne bouge !
Déjà desservi par une couverture naïvement tape-à-l'œil, un thème pareil risque, par anticipation, de lasser le lecteur car les structures des casses sont toujours un peu les mêmes. Mais non. En mélangeant les dates, l'auteur n'ennuie jamais. Il raconte du point de vue du public, commence par le déroulement et la stupéfaction qui suit le casse, la prise de conscience et le décorticage de la préparation, l'enquête et la récolte des indices, et enfin le resserrage des mailles du filet sur quelques morfalous évanouis dans la nature, leur jugement et la constatation désabusée qu'il manque une grosse partie du magot jamais retrouvée. Du point de vue des casseurs, la chronologie de l'action prime avec la préparation du coup qui peut prendre plusieurs années. Patrick Caujolle, policier du SRPJ, a une plume facile et variée et utilise ces deux approches pour nous conter vingt-six affaires qui ont enflammé les médias. La dernière est toute chaude. Elle date du dimanche 28 juillet 2013 à 11 h 30 et c'est la plus rapide : trente secondes ! L'homme seul est entré par une porte-fenêtre restée ouverte dans les salons du Carlton de Cannes et est reparti, à pied, avec les bijoux de l'exposition du joaillier israélien, Lievev. Cent trois millions d'euros pour un casse au parfum d'Arsène Lupin. L'auteur nous rafraîchit la mémoire sur des affaires retentissantes comme le vol, en 1949 à Nice, des bijoux de la Begum, ex miss France devenue femme de l'Aga Khan. L'histoire prend une tournure politique quand le commissaire chargé de l'enquête constate des fuites au plus haut niveau qui permettent à des caïds de prendre le large. Ses soupçons se portent sur un autre commissaire qu'on nommera préfet à point nommé. Mais, lors du jugement, le commissaire Valantin fait exploser sa bombe. Il accuse : "C'est le préfet Bertaux qui a fait fuir les principaux voyous et organisé la restitution partielle des bijoux. Le reste des diamants, bagues ou autres colliers, ils les a partagés avec son ami Leca [...] J'affirme que M. Bertaux est un homme capable de tout, du simple assassinat aux choses les plus graves." Patrick Caujolle, nous apprend dans sa conclusion, que l'affaire des bijoux de la Begum inspira Hergé pour celle de sa Castafiore ! Outre les vols de fourgons blindés comme ceux de Tony Musulin ou de l'Espagnol El Dioni, on notera les entrées détournées dans la salle des coffres des banques, les prises d'otages des employés qui possèdent les clés, les attaques sur le tarmac lors de transfert de fonds ou de diamants et le vol des wagons de la banque de France dans un tortillard en gare de Neuvic le 1
Patrick Caujolle réussit son pari. Suscitera-t-il des vocations parmi ses lecteurs ? Là n'est pas la question.
Citation
L'attaque du train Glasgow-Londres, le casse du siècle ? Oui, bien sûr ! Une opération bien menée, des hommes décidés et intelligents, un butin exceptionnel, mais au bout du compte, des interpellations, des années de prison ou d'angoisse permanente, et des acteurs qui finiront leurs jours en survivant de petits boulots.