Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Préface de Michael Connelly
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : Calmann-Lévy, mai 2014
394 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5573-8
Coll. "Robert Pépin présente"
Seul dans son cercueil
Avant tout, ce que le crime révèle, c'est un dysfonctionnement de l'humanité. Ce que dévoile encore plus le tueur en série, c'est la solitude. Solitude du tueur pris dans ses propres pulsions et qui ne peut en parler, certes, mais parfois aussi solitude du policier. La Blonde en béton met en avant la solitude de l'inspecteur Harry Bosch de manière intense, en s'inspirant d'un fait divers réel - relaté dans la préface inédite. Lors d'une enquête sur un tueur en série, Harry Bosch a été obligé de faire usage de son arme et a ainsi tué le suspect. Quatre ans plus tard, il passe en jugement, attaqué par la veuve du mort, estimant qu'aucune preuve n'a été apportée contre son mari...
Michael Connelly va peu à peu ajouter intelligemment des couches narratives pour renforcer ce sentiment, sans jamais que cela ne tourne à la démonstration, au fil d'une intrigue éprouvée et efficace, appuyée par un style limpide, nerveux et prenant. Harry Bosch est seul face à ses juges, face à son propre avocat (payé par la municipalité et qui est prêt à reconnaître une éventuelle erreur afin de réduire la facture de la ville). Cette solitude s'accentue dès les premières minutes du procès lorsqu'une information tombe : le tueur soit disant abattu balance des informations sur un crime qu'il aurait commis et sur un cadavre enterré dans une dalle en béton. Du coup, l'enquête doit rebondir et l'inspecteur Harry Bosch s'en charge tout en devant faire face à ses obligations pénales. La solitude pèse encore plus car tout porte à croire qu'il s'agit d'un imitateur, fort au courant des enquêtes anciennes et qui lui est lié de près. La paranoïa guette, et il ne peut faire confiance ni aux autres policiers, ni au psychiatre qui l'avait aidé à cerner le profil du tueur car l'assassin est peut-être l'un d'eux. Pire encore, la solitude se démultiplie lorsqu'il s'aperçoit que des informations circulent vers les journalistes et vers l'avocate de la veuve, informations qui ne peuvent servir qu'à l'enfoncer encore plus et qui proviennent forcément de son propres camp...
Cette solitude touche sa vie privée puisque d'une part Harry Bosch lui-même commence à douter de son propre travail, et que d'autre part, l'avocate met à jour des traumatismes passés, notamment la mort de la mère du policier (parallèle étrange avec l'itinéraire de James Ellroy), ce qui complique ses relations avec sa nouvelle compagne qui ne savait rien de ce passé. Même si les fils se dénouent et que Harry Bosch retrouvera une (relative) sérénité à la fin du roman, il sait à présent que rien n'est jamais définitif, à part la souffrance, la solitude et la mort.
Citation
Je l'ai abandonné et je n'ai aucune envie de faire marche arrière pour me pencher dessus, pour en parler, ni même y penser. Toute ma vie, j'ai cherché à fuir mon passé.