Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, mai 2014
1 DVD VF-VOST Zone 2 ; couleur ; 19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Mangas incolore
Lex Barker n'a pas été le plus grand des Tarzan, il ne restera pas non plus à la postérité pour son interprétation de Mangas Coloradas, véritable et impitoyable chef apache, de la tribu des Mimbreño. La faute en incombe sûrement au scénario décousu et à ses nombreuses faiblesses, qui pourtant s'appuie sur deux éléments importants : la grande amitié qui lie Mangas Coloradas à Fargo (l'honorable et très juste Ben Johnson), un Américain pour qui l'honneur veut dire quelque chose, un Américain qui connait les mœurs et les traditions apaches, et comprend ce que signifie parole et loyauté ; et une étude quasiment ethnologique mise en valeur par les rivalités qui minent le clan, la sorcellerie incarnée par un puissant shaman au regard illuminé, et par Riva (Joan Taylor dont le rôle et l'interprétation sont mi-figue, mi-raisin), une jeune femme métis Américaine par son père et Apache par sa mère, dont les sentiments fluctuent pour les deux hommes, dont le cœur est prêt à chavirer pour l'un comme pour l'autre, mais qui au final n'a guère le choix et se retrouve être la compagne d'un grand chef indien pour qui elle a beaucoup de respect et qui lui témoigne une adoration qui va jusqu'à la faire devenir l'égale des hommes, une guerrière (alors que les femmes sont d'habitude chargées de dresser les tipis, d'éduquer les enfants et de faire à manger).
Le film de Reginald LeBorg est truffé de clichés (la femme qui nage dans une étendue d'eau dès les premières secondes, les Blancs avides d'or, l'ami des indiens impassible et droit, l'incompréhension caractérisée des autorités américaines) qui par moments s'assemblent de façon désordonnées. Mais le réalisateur s'en sort plus qu'honorablement dans les scènes de batailles et son approche "Connaissance du monde" lorsqu'il filme les coutumes indiennes comme lors de luttes intestines avec combat au couteau ou lors des danses de guerre avec un maquillage qui a souffert du temps et des gestuelles qui parfois semblent empruntées (on ne croit pas un instant à l'âme révoltée de Riva au côté de Mangas Coloradas pendant que dansent les éléments déchainés et peinturlurés qui vont former une bande de tueurs sanguinaires, on a l'impression qu'elle est prête à exploser de rire, qu'elle se retient).
Le scénario est donc réduit au strict minimum. Dès le début du film, les Apaches poursuivent des Mexicains voleurs de chevaux qu'ils tuent. Incompris, ces fiers guerriers peuvent craindre des représailles américaines devant leur cruauté. Seul Fargo peut être le lien entre indiens et Américains, mais ce lien est perturbé par les sentiments qu'inspire Riva et par des hommes blancs avides d'or, à la cruauté non moins sauvage des indiens (ils brûlent des tipis et tirent sur des enfants pour de la poussière d'or d'un cours d'eau). S'ensuivent des embuscades et des escarmouches sur fond de signaux de fumée. Dans cette région du Rio Grande, les Apaches sont cinq mille et les soldats américains deux mille. Fargo s'est enrôlé et est un officier qui a pour charge ou d'anéantir les indiens ou de les reconduire dans leurs réserves. La guerre de Sécession vient de débuter. Reginald LeBorg multiplie les parallèles et offre des scènes fortes mais où l'absence de moyens est flagrante. Et le film se termine un peu de façon abrupte sans réellement de fin, comme si une suite était attendue.
Les Tambours de la guerre (73 min.) : réalisé par Reginald LeBorg sur un scénario de Gerald Drayson Adams. Avec : Lex Barker, Joan Taylor, Ben Johnson, Richard H. Cutting, John Pickard, James Parnell, Larry Chance, John Colicos...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Bande annonce. Galerie photos.
Mangas Coloradas, de Olivier Delavault (12 p.)
Citation
Un homme vit plus longtemps en évitant les embuscades, et une nous attend là-devant.