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Grand format
Inédit
Tout public
326 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-070-2
Coll. "Roman noir"
Métral hurlant
Après nous avoir plongés dès les premières pages dans le camp de Mauthausen, François Médeline nous ramène à la fin des années 1980 dans un commissariat lyonnais. Changement d'époque et de style. Le quotidien d'un inspecteur de police et de son équipe toujours débordée, comme il se doit. Michel Molina, l'inspecteur en question, décide d'aller régler une affaire personnelle du côté du Lac Léman où il a passé une partie de son enfance et où s'est déroulé un drame dans lequel il est directement impliqué : Paul Wallace est assassiné par Jean Métral... le même homme qui avait tué Ben Wallace (le frère de Paul) vingt ans auparavant. "Qui avait assassiné" ? En fait, pas vraiment, le lecteur sait très tôt que ce Métral n'est pas le tueur et qu'il a payé pour quelqu'un d'autre.
Mais revenons à cette première scène : c'est elle qui donne une couleur étonnante au livre, restant ancrée dans la mémoire du lecteur alors même que l'intrigue semble l'en éloigner. Et c'est ce qui fait que Les Rêves de guerre n'est pas un polar comme on en a déjà lu des dizaines. Il y a ce voile sombre de l'histoire qui imprègne l'intrigue sans que l'on sache à quel moment il va s'abaisser sur les personnages. Et ces personnages qui sont-ils ? Molina, l'inspecteur dont on découvre le passé par bribes et des flashbacks intelligemment écrits au présent, est accompagné d'un vieux flic alcoolique et amateur de pêche. Médeline prend un malin plaisir à faire évoluer ces personnages sans se soucier du politiquement correct : on a du mal à les saisir, on ne parvient pas à les aimer complètement, ni même à savoir réellement qui ils sont. Pas particulièrement sympathiques, ils s'enfoncent dans une intrigue aux remugles nauséabonds, croisant la route d'un baiseur de jument, d'un taré, d'un illuminé, d'une riche héritière et d'un politicard véreux.
Un roman à la construction parfois déroutante (comme par exemple la présence de ces trente pages de retranscription d'une interview que mène Bernard Pivot, et prétexte à une réflexion sur l'écriture, la poésie et sur le Mal), un roman ambitieux, sur le poids du passé, celui de la famille de la fratrie, de la sexualité frustrée. Un roman qui bouscule le lecteur en lui mettant un macchabée sur les genoux, des truites éviscérées dans sa baignoire et un vieux flic bourré dans son plumard. À lire avec un verre de whisky et un cendrier qui déborde à portée de main.
Citation
Dans ces cas-là, je souris, du coup, j'ai souri.