Contenu
Private liberty, 1. L'Échelle de Kent
Grand format
Inédit
Tout public
Saint-Malo : Vagabondages, avril 2014
56 p. ; illustrations en couleur ; 31 x 22 cm
ISBN 978-2-918143-19-2
Débarquement des surhommes
Du côté de Bayeux, en 2008, non loin des plages du débarquement, des hommes meurent en série dans des conditions paranormales. Ces hommes d'origine américaine, espèces de Men in Black, se prénomment John et ont un corps de surhomme. Coïncidences ? Non, car de toute évidence, ils gravitent dans l'entourage d'un colonel qui se déplace dans un fauteuil roulant et en ont après un individu forcené qui forcément se défend et de fort jolie manière avec mise en scène bougrement étonnante (comme cette voiture qui semble avoir été projetée et sur l'un des John et sur la plage d'Omaha, en témoigne l'absence de traces de pneus).
Cet individu n'est autre que le père du héros de cette bande dessinée qui inaugure un triptyque. Jean Fanal, le fils, est un journaliste qui a vécu une histoire sentimentale avec une jolie fliquette chargée justement des enquêtes mystérieuses (la rivalité sentimentale rejoint alors celle plus investigatrice avec d'une part quelqu'une forcée de combiner avec sa hiérarchie et de l'autre un homme aux abois qui n'a cure de la légalité : un canon du genre). Jean Fanal va donc se lancer physiquement à corps perdu dans cette enquête qui se double d'une quête identitaire. Et ce d'autant plus que pour une fois qu'il peut échapper à la rubrique des chiens écrasés, il ne va pas se gêner en y amenant tout le cynisme et l'humour caustique dont il peut faire preuve. Le rythme et l'action font qu'il va être victime de pas moins de six tentatives de meurtre en cinquante-six pages alors même qu'il va découvrir qu'en tant que bon descendant de son père, ce Private liberty, il a hérité de ses gênes de superhéros capable d'encaisser des balles et d'assimiler les plus redoutables des poisons.
Les flashbacks nous ramènent à la genèse de ce Private liberty, arme décisive dans un conflit mondial. Une arme que l'on se doit de garder secrète afin qu'elle ne tombe ni entre les mains des nazis, ni entre celles des Soviétiques. L'histoire n'est pas nouvelle, elle n'est pas originale. Dans ce premier volet, elle est cependant plutôt pas mal traitée par le scénario de Jean-Blaise Djian et Nérac qui s'ingénient à entremêler petites histoires et grande Histoire, normalité et paranormal. C'est sec et efficace avec des dialogues cyniques agréablement ciselés. Jean Fanal en toutes circonstances a le sens de la répartie, son humour est doux amer à l'instar de cette relation avec son père qu'il ne comprend pas.
Ce premier opus pose un décor sombre et sanguinolent (bien sûr, Jean Fanal a perdu sa mère dans un accident domestique qui n'en est pas un) sur fond de conflit, de trahison et d'instrumentalisation. Il y a quelques héros ordinaires qui pointent le bout de leur nez en des pages très claires où le trait réaliste de Cyrille Ternon s'exprime parfaitement. Bien entendu, la compréhension du lecteur arrive plus vite que celle du personnage central, bien entendu ce volet se termine brutalement laissant plein d'interrogations en l'air et de corps au sol, mais c'est le lot de toute série de bande dessinée d'action. Il reste que l'on ne voit pas très bien quelle direction prendra le deuxième épisode. Ce qui est somme toute rageant (quoique...) d'autant plus qu'aucune date de parution n'est mentionnée... À suivre donc...
Citation
Vous voulez dire qu'après avoir débarqué à Omaha et joué à Tarzan pendant quelques années, mon père s'est transformé en justicier solitaire, et qu'en plus de tout ça, il était couvert par la maréchaussée ?