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Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Michel de Lestang
Paris : Le Cherche midi, juillet 2014
486 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1816-1
Coll. "NéO"
Élémentaire, mon cher Conan
Au premier abord, le nom de Mark Frost ne dira pas grand-chose au lecteur, mais lorsque l'on dira qu'il a été le scénariste de Twin Peaks, peut-être un sourcil se lèvera-t-il signe d'intérêt. Dans La Liste des 7, le rapport avec l'univers de Twin Peaks est évident dans ses composantes populaires. Le récit ici s'inscrit dans la lignée des grandes aventures policières proches de l'environnement fantastique, comme pouvaient l'être les épopées de Harry Dickson ou d'autres aventuriers de l'occulte. En fait, les personnages centraux se trouvent confrontés à un mystérieux groupe de sept initiés qui entendent préparer le terrain pour le retour d'une entité démoniaque, en n'hésitant pas à égorger d'innocentes victimes, à se livre à des rites diaboliques dans les sous-sols du British Museum, à utiliser zombies, momies réanimées et autres monstruosités pour gagner la partie.
L'auteur crée face à ce groupe innommable une équipe de choc : un agent secret de la reine Victoria, deux assistants anciens cambrioleurs et une jeune actrice. Tout débute lorsque le personnage central soumet un manuscrit où il est fait question, justement, de ce complot possible, à une maison d'éditions contrôlée par les chefs de la conjuration. Auraient-ils été percés à jour ?
La grande idée de Mark Frost c'est de nous offrir un "roman à clef" situé dans le monde victorien. On verra ainsi passer Jack l'Éventreur, Gull, le médecin de la reine, peut-être lié au précédent nommé, un rejeton de la famille royale particulièrement abruti, Bram Stoker et surtout le personnage central, jeune écrivain sans succès, un certain Arthur Conan Doyle ! Or l'enquête permet de présenter un agent secret, John Sparks, dynamique, violoniste, opiomane, croyant à un complot organisé par un maître secret du crime, s'appuyant sur la déduction pure et sur les déguisements les plus subtils pour résoudre les énigmes qui lui sont proposées. En clair, La Liste des 7 devient la matrice de ce qui permettra à Conan Doyle de réfléchir et de proposer son œuvre la plus connue (y compris dans des variantes, comme l'attrait de Sherlock Holmes pour l'Égypte dévoilé dans un film hors du canon) ! La fin du roman se permet même le luxe de se situer aux chutes du Reichenbach.
Servi par une érudition sans faille, une description intelligente de la fin du XIXe siècle victorien (et des milieux spirites), par un humour et une ironie pince sans rire, où l'auteur sait rendre hommage sans dévoyer ou pervertir, La Liste des 7 s'ouvre à la fois aux amateurs d'intrigues classiques, aux nostalgiques des feuilletons enlevés et aux supporters des versions modernisées à la Umberto Eco. Pour résumer : à tous ceux qui chercheraient un délassement intelligent.
Citation
Quand je pense que je n'avais encore jamais eu besoin de SORTIR d'un musée par effraction, ajouta-t-il.