Drôle de tram

Étrange société que celle où l'on rejette la notion d'intimité, de vie privée, de solitude. De déroutante manière, les gens en venaient à payer pour fliquer ou être fliqués, dans chaque aspect, à chaque seconde de leur vie. Nul besoin d'un pouvoir coercitif pour l'imposer. Tous le réclamaient, le mettaient en place. Aucune civilisation antérieure n'était parvenue à ce résultat sans provoquer de puissants mouvements de rejet, de résistance ou de rébellion.
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Nouvelle - Noir

Drôle de tram

Social - Road Movie MAJ mardi 08 juillet 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Jean-Bernard Pouy
Toulouse : Tisséo, avril 2014
32 p. ; 15 x 10 cm
Coll. "Polar"

Ville rose, vie noire

Entre Blagnac et Toulouse, sur la ligne T1 du tramway, un contrôleur aérien retrace le parcours de sa vie et ressasse des idées morbides, mortifères et culturelles à mesure que les stations défilent comme autant d'étapes de sa vie. Cet homme va non pas à l'aéroport mais à la gare prendre un TGV qui l'amènera à Paris au chevet de sa mère foudroyée par une "grise cardiaque" comme l'a écrit sa sœur dans un SMS. Cette jolie nouvelle permet à Jean-Bernard Pouy de faire du Jean-Bernard Pouy avec maîtrise, délice et pilotage semi-automatique. On se rend compte du sérieux de la chose quand on referme le petit livret et que l'on se doit de constater que le romancier, adepte des formes courtes, ne nous a pas gratifié d'une de ses nombreuses blagues Carambar dont il cultive le secret et le mauvais goût en guise de remplissage. En lieu et place, il joue avec le double-sens des mots, y va de ses allitérations et de ses homonymies, s'attarde sur le langage bizarre amené par les technologies qui font que nos pouces peu à peu évoluent. Surtout, il dresse un portrait de la population de ce tram. À peine vingt-cinq pages mais tout un univers se met en branle. Autour de lui gravitent nombre de personnages du cinéma (s'il est question du très joli film Les Vikings, le titre de la nouvelle fait aussi référence à un non moins joli film de Marcel Carné) et de la littérature (ah ! Madame Bovary) critiqués et/ou décrits avec la faconde habituelle. Jean-Bernard Pouy aime le contre-pied culturel. C'est sa manière à lui de nous distiller la désacralisation de la culture. Alors l'ensemble prend corps et devient plaisant à lire le temps d'un voyage en tramway et se referme en s'ouvrant sur d'autres horizons moins noirs, moins gris mais sûrement pas roses (comme la ville). Une belle réussite, première pierre à un joli projet dirigé par Patrick Raynal.

Citation

Quand je me suis assis, dans le sens de la marche, près des grandes fenêtres, la lumière du petit matin, pourtant printanière, avait la même teinte pastel que les halls de transit d'aéroport et aussi celles d'attente de crématoriums.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 08 juillet 2014
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