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Les Anges aquatiques
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Frédéric Fourreau
Paris : Le Seuil, mai 2014
484 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-109595-1
Turpitudes extrêmes
Linköping, septembre 2012. Patrick et Cecila Andergren sont retrouvés assassinés dans le jacuzzi de leur maison. Le prologue nous a appris que les faits se sont déroulés sous les yeux d'Ella, leur fille adoptive d'origine vietnamienne, âgée de cinq ans, qui a disparu depuis. C'est toujours Malin Fors (de plus en plus en mal d'enfant) qui mène l'enquête, avec le renfort d'une collègue venue du sud du pays, Elin Sand, et de ses habituels collaborateurs, tous plus ou moins en proie à des problèmes sentimentaux et/ou familiaux. Sa collègue Karin Johannison, par exemple, a elle aussi adopté une petite Vietnamienne. L'enquête s'annonce difficile, le couple n'ayant pas d'ennemi connu (à part une jalousie assez poussée entre Cecilia et sa sœur, mais les meurtres n'auraient pas été commis avec autant de sang-froid et de professionnalisme). Le mari de cette sœur a certes menti sur son alibi, mais c'était pour couvrir une aventure extra-conjugale. Peut-être la clé réside-t-elle alors dans la passé de Patrick, qui a occupé de hautes fonctions dans des firmes suédoises implantées en Asie (Linköping trempant dans le commerce des armes par le biais de Saab, fleuron de l'industrie locale) et a pu être tenté de toucher des pots-de-vin ou être victime de chantage. Or il existe des traces d'une affaire douteuse à Dalat. Mais le plus angoissant est le sort d'Ella qui reste introuvable. Et Malin replonge dans l'alcoolisme après avoir surpris Peter en situation pour le moins intime avec une infirmière. La réponse aux interrogations sera fournie par l'informatique et un mystérieux mail : "Me cherche pas, putain", qui mettra finalement les enquêteurs sur la piste d'un immonde trafic d'enfants. Le dénouement est un peu calqué sur les films d'action américains, mais l'ensemble n'est pas dépourvu de force de conviction ni d'émotion.
On retrouve ici les mêmes qualités d'écriture que dans les précédents volumes de la série, avec une symbolique aquatique soignée et conséquente. Le livre pose aussi de vrais problèmes, tels que ce que certains sont prêts à faire pour de l'argent et pour satisfaire leurs désirs, ainsi que celui de la fin et des moyens, des bonnes intentions, etc. Mais on a aussi un sentiment de "déjà-lu" devant les monologues intérieurs de personnages décédés (par exemple dans Printemps). L'auteur paraît ici un peu prisonnier de sa propre formule (sans doute sous la pression du succès). Le plus intéressant est la réflexion qu'il mène sur le couple, la maternité/paternité et la problématique de l'adoption dans un monde où l'argent est roi. Mais est-ce bien le lieu pour cela et n'avons-nous déjà lu cela sous sa plume ? Voilà des questions qu'il aurait peut-être intérêt à se poser, de peur que le lecteur ne finisse par avoir le sentiment d'avoir lu le livre avant même de l'ouvrir.
Citation
- Est-ce que je suis un être humain ?
Il prie pour ne pas croiser le chemin d'un ange aquatique flottant entre deux eaux.