Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Janine Lévy
Paris : Le Masque, juin 2014
288 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-4116-9
Coll. "Agatha Christie", 35
Poirot trépasse
Ultime aventure du détective belge à la moustache, Hercule Poirot quitte la scène est un véritable roman crépusculaire. C'est évidemment avant tout parce que l'ancien flic devenu l'un des maitres de l'enquête avec ses fameuses cellules grises est aux portes de la mort, invalide en fauteuil roulant, avec un cœur hésitant et des moustaches gominées et une perruque sur le crâne. Mais c'est aussi parce qu'il renoue sa complicité avec son fidèle Hastings qu'il enjoint de le retrouver à Styles, autrement dit sur les lieux de leur première enquête.
Avant de nous intéresser à la présente aventure, il faut resituer ce roman : c'est une œuvre posthume de la Reine du crime qui entend ainsi, avec la mort annoncée de l'un de ses deux plus renommés personnages récurrents (avec Miss Marple) empêcher que d'autres écrivains fassent perdurer en leur nom des aventures singulières. À ce titre, la vieille dame ingénieuse de St. Mary Mead se voit également offrir Une dernière énigme dont nous parlerons dans une autre chronique. Fin de la parenthèse.
X, l'assassin auquel va devoir faire face Hercule Poirot, n'a pas encore frappé sur les lieux du crime, une résidence reprise comme pension de famille par un couple, mais dans les faits a déjà commis au moins cinq délits criminels pour lesquels une personne a été un coupable idéal (qui parfois même s'est dénoncé). Hercule Poirot est d'autant plus sûr qu'il va sévir à nouveau qu'est sont réunie entre ces murs honorables une galerie de personnages qui ont tous plus ou moins à voir les uns envers les autres, et qui sont tous plus ou moins liés avec les victimes précédentes. Pour le détective en fauteuil roulant, il n'y a aucun doute : le coupable manipule l'esprit, incitant nos pulsions renfermées à se manifester. Ainsi, le coupable n'est pas le bras armé, mais celui qui anime ce bras chez d'autres. Il réalise alors le crime parfait par excellence puisqu'il opère dans l'ombre allant même jusqu'à être à une distance plus que déraisonnable des lieux du crime. Pire encore : le coupable agit gratuitement, imbu du pouvoir qu'il se confère. Il frappe ici et là, sème la zizanie, fomente la révolte bestiale, réorganise le chaos.
Pendant près de deux cents pages, nombre de crimes avortent. Mais deux morts surviennent. L'histoire est d'autant plus diabolique que Hastings est aux portes du crime, et qu'il se confronte à sa propre fille qui assiste un chercheur scientifique et semble conter fleurette à un homme à femmes de sinistre réputation. Chacun des personnages est comme à l'habitude d'Agatha Christie, un archétype de ce qui se trouve dans la société. Chacun est mû par ses ambitions, ses craintes et ses faiblesses. Mais chacun entend montrer sa force de caractère. L'air de rien, le discours sociétal a changé, et la romancière fait preuve d'ouverture d'esprit en abordant des thèmes aussi glissants que l'euthanasie. Le coupable est à chercher parmi les plus improbables des suspects, et la résolution est l'une des plus hardies de l'histoire du roman policier. Pour un bouquet final, le résultat est à la hauteur !
NdR - La traduction du présent roman a entièrement été révisée.
Citation
Les gens inaptes, les inutiles... devraient être écartés du chemin. Il règne partout une telle pagaille ! Seuls ceux qui apportent une contribution raisonnable à la communauté devraient être autorisés à vivre. Les autres devraient être écartés sans douleur.