Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon
Paris : Liana Levi, mai 2014
362 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-86746-727-1
Coll. "Piccolo", 106
Avant que tout s'écroule
New York, octobre 1999. Le 11 septembre de cette année-là, il ne s'est rien passé de spécial dans les tours du World Trade Center. Et personne n'aurait pu prévoir ce qui allait arriver. L'Amérique, comme il se doit, est en proie à une spéculation outrancière sur les cours du pétrole. Spéculer, c'est anticiper ; et pour anticiper, rien ne vaut un ambitieux programme informatique capable de prévoir de quoi l'avenir sera fait.
C'est à ce programme que travaille Karim Issar, un jeune qatari embauché par le groupe Schrub, un groupe puissant qui entend bien damer le pion à ses concurrents. Karim profite de son séjour pour tenir son journal sur un dictaphone. Il a quitté le Qatar après la mort de sa mère, et suit de près les études de sa sœur dominée par un père autoritaire à l'esprit étroit. Karim est croyant, mais ce n'est pas un bigot, et encore moins un fanatique. Il a l'esprit ouvert, il est naïf aussi ; il aime les chiffres et les mathématiques, il croit approcher en eux une certaine beauté du monde. Mais ses talents de mathématicien, il va les mettre au service du cynisme financier, et quand le moment sera venu pour lui de s'émanciper du groupe Schrub et de récupérer sa part de gâteau, il comprendra alors que, si le monde est mathématiquement beau, il peut être aussi humainement laid.
À travers le regard distancié de Karim, Teddy Wayne nous offre dans Kapitoil une vision nuancée de l'Amérique, tantôt grave, tantôt drôle, jamais caricaturale. Kapitoil, c'est aussi l'histoire d'un jeune homme qu'on ne saurait réduire à ses origines ethniques et religieuses, et qui, comme nous tous, aime, souffre, veut le bien des autres, au risque malheureusement de se retrouver rejeté par le groupe qui l'emploie. Ce livre tout en finesse offre un plaisir de lecture inégalé, jouant de l'humour et de la gravité en une parfaite tension. Le livre achevé, on se demande : "Karim, quand reviens-tu en Amérique ?"
Citation
Un schéma optimal voudrait que tout le monde accroisse ses richesses à l'infini, mais parfois seul un jeu à somme nulle est possible et l'arbitrage est alors l'unique moyen d'augmenter ses richesses au détriment des autres.