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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Marianne Faurobert
Paris : Liana Levi, mai 2014
280 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-86746-726-4
Coll. "Policier"
Tuer est une école de vie
Franco Di Mare est un journaliste italien qui après avoir été correspondant de guerre a réalisé des documentaires sur la mafia et le crime organisé. Sans doute est-ce de toutes ces expériences que lui vient la capacité à dresser un personnage en quelques lignes, à raconter une vie entière en peu de mots. Derrière l'intrigue policière, il nous livre une série de coups de projecteurs sur la société napolitaine avec d'un côté les déclassés, ceux qui survivent malgré le chômage et sont entrés dans la mafia, et de l'autre ceux qui bénéficient d'un capital financier ou intellectuel et ont suivi une autre trajectoire que celle criminelle. Nous suivons ainsi un tueur qui entre deux crimes rétribués, dégomme des toxicomanes pour le plaisir, une gourgandine qui aimerait se cultiver, quelques professeurs, dans des écoles de quartier ou à la faculté, un couturier qui a monté son entreprise, un dealer qui aimerait lui aussi agrandir soin fonds de commerce, un jeune professeur de philologie qui a écrit une thèse importante. C'est ce jeune étudiant, Carmine Cacciapuoti, qui est au cœur de l'intrigue, car s'il a commencé, adolescent, en aidant un apprenti bandit de son quartier, il espère à présent une vie honnête. Mais les requins de la faculté sont des mafieux comme les autres et il doit quitter tout espoir de promotion pour devenir un tueur.
La mafia a été un temps appelée l'Honorable société, mais là aussi les choses ont bien évolué et Carmine en fait l'amère expérience : si tuer des mafieux ennemis de son clan et/ou liquider des vermines est simple, pourquoi s'en prendre à d'honnêtes commerçants ou, pire, à son propre ami que ses supérieurs voient avec des dents trop longues ? De par son métier, le journaliste fait le lien entre ses différents univers et, ici, Marco qui écrit sur le gangstérisme napolitain doit enquêter pour comprendre qui est ce mystérieux tueur à gage qui lui téléphone pour lui signaler une erreur de langue ou un contresens littéraire. Dans Le Voleur, un vieux roman de Georges Darien (adapté au cinéma par Louis Malle), le récit s'ouvre par un tonitruant : "Je fais un sale métier, mais j'ai une excuse je le fais salement." Ici, c'est l'inverse : Carmine croit toujours faire un métier, universitaire ou criminel, proprement, et ce sont les autres qui le salissent.
Sans prendre parti, par une description sèche qui montre bien les complexités du monde qu'il raconte, Franco Di Mare livre, sous un couvert policier, un essai documenté sur la ville de Naples, à travers les trajectoires de gens ordinaires qui effectuent des actions ordinaires, les rendant ainsi intelligibles autrement que par les stéréotypes le plus souvent colportés.
Citation
Il ressentait un frisson charnel quand il entrait en action ; voir naître la terreur dans les yeux de celui qu'il allait buter l'excitait physiquement.