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Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody
Grand format
Inédit
Tout public
158 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 10 cm
ISBN 978-2-330-03599-0
Coll. "Un endroit où aller"
Actualités
- 09/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Livre Inter
- 27/11 Prix littéraire: Première sélection 2015 du Prix du Roman des étudiants
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- 30/09 Librairie: Buffalo Bill sur la Canebière
- 10/09 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix Wepler-Fondation La Poste
Le 10 novembre, les jurés du 17e Prix Wepler-Fondation La Poste (jury renouvelé chaque année intégralement composé de lecteurs et de professionnels) dévoileront dans l'enceinte de la brasserie Wepler (du 18e arrondissement parisien) l'heureux élu d'une sélection de douze auteurs candidats. Signalons au passage le partenariat de la librairie des Abbesses. S'il n'y a pas à proprement parler d'ouvrages de littérature policière ou noire, il y a cependant Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody, écrit par Éric Vuillard, un livre de non fiction retraçant les grandes lignes des derniers instants d'un héros crépusculaire westernien, qui annonça également la société du spectacle...
Sélection 2014 :
- Faux nègres, de Thierry Beinstingel (Fayard)Â ;
- Aux jardins des Acacias, de Marie-Claire Blais (Le Seuil) ;
- La Condition pavillonnaire, de Sophie Divry (Noir sur Blanc/Notabilia)Â ;
- Bois II, d'Élisabeth Filhol (P.O.L.) ;
- Le Soleil, de Jean-Hubert Gailliot (L'Olivier)Â ;
- Blanès, de Hedwige Jeanmart (Gallimard)Â ;
- Au lieu du péril, de Luba Jurgenson (Verdier)Â ;
- Karpathia, de Mathias Menegoz (P.O.L.)Â ;
- Tram 83, de Fiston Mwanza Mujila (Métailié)Â ;
- Les Grands, de Sylvain Prudhomme (Gallimard)Â ;
- Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody, d'Éric Vuillard (Actes Sud) ;
- Totale éclipse, de Cécile Wasbrot (Christian Bourgois). - 10/09 Prix littéraire: Prix littéraire du Monde 2014 : Carrère plutôt que Vuillard
L'art du spectacle
Dans une vision toute cinématographique, Éric Vuillard nous propose la dernière partie de la vie de Buffalo Bill Cody, fantasmée et édulcorée, en un texte plaisant qui ouvre quelques pistes sur l'émergence de la société du spectacle au crépuscule de la conquête de l'Ouest. Et c'est bien ainsi que l'on doit décrypter les dernières années de la vie d'un homme qui est quelque peu dans notre imaginaire l'égal de Davy Crockett. Pourtant, à l'instar du représentant de l'État du Tennessee, l'homme est un "holy bastard", exterminateur sans pitié de bisons dans le but avoué de repousser (au mieux) les indiens au fin fond de réserve désertiques où ne poussaient que des bouteilles de mauvais alcool.
Mais le pan de sa vie qui intéresse l'auteur est celui que le tireur consacre à sa troupe de théâtre populaire, le Buffalo Bill's Wild West. Il nous fait plonger dans un monde étonnant qui évoque la résurgence des jeux du cirque avec des spectacles à couper le souffle, des batailles épiques revisitées qui portent haut la gloire de la nation et qui font pousser des hurlements de haine chez les spectateurs qui veulent voir le sang des indigènes couler. Rien ne semble échapper à son œil. Le lecteur plonge dans les affres techniques et administratives car si le show est souvent réussi, il ne tient qu'à un fil financier. Et pourtant, le Buffalo Bill's Wild West, pionnier du genre, va à la rencontre de spectateurs avides aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.
L'Europe, et la France, c'est là que Éric Vuillard réussit peut-être à dresser le plus joli et intéressant portrait de Buffalo Bill en mettant en avant la solitude d'un homme ravagé par l'alcool, la noirceur d'une vie, qui se nourrit sexuellement de femmes de petites vertus et qui tombe peu à peu dans une décrépitude physique.
C'est là aussi qu'il fait ressurgir l'aspect visionnaire et empreint d'américanisme d'un homme tourmenté entre ses amitiés qu'il souhaite indéfectibles et son besoin de faire surnager sa dernière œuvre, son spectacle artistique avec toute sa grandeur. Dans un souci dans mettre plein la vue, Buffalo Bill aura convaincu l'un des plus grands chefs sioux, le respectable Sitting Bull, de faire partie de son show. L'indien ne sera pas autorisé à partir en Europe, dans l'intervalle il soutiendra les adeptes de la danse des esprits - un mouvement religieux indien qui trouvera une sanglante résolution lors du massacre de Wounded Knee - ce qui lui vaudra une tragique tentative d'arrestation et un lâche assassinat. Parti se recueillir sur sa dépouille, Buffalo Bill n'en oubliera pas moins de récupérer des reliques, marketing oblige.
C'est cette histoire doublement tragique et bouleversante, que nous narre Éric Vuillard. Elle est romancée, magnifiée, rendue légendaire, mais elle est aussi critique.
Le lecteur intéressé, curieux d'en savoir plus sur cet homme, incarnation de l'épopée américaine, pourra se plonger dans Vie et aventures de Buffalo Bill, un ouvrage d'Albert Bonneau, qui a été réédité l'année dernière aux Ateliers Fol'Fer. Albert Bonneau (1898-1967) étant l'une des figures marquantes de la littérature populaire française, l'une des figures de proue du western.
Récompenses :
Prix Joseph Kessel-SCAM 2015
Prix d'une vie 2014
Citation
Ainsi, tandis que Buffalo Bill poursuivait son immense périple autour du vide, n'attirant plus autant les foules qu'auparavant, perdant de l'argent même, et cependant incapable de s'arrêter, Elmer fondait Luna Park.