Contenu
Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody
Grand format
Inédit
Tout public
158 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 10 cm
ISBN 978-2-330-03599-0
Coll. "Un endroit où aller"
Actualités
- 09/04 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix du Livre Inter
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- 27/11 Prix littéraire: Les 20 meilleurs livres de 2014 selon Lire
- 10/11 Presse: Pas de Prix Wepler-Fondation La Poste pour Éric Vuillard
- 06/11 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 du Prix des Libraires
- 22/10 Prix littéraire: Sélections 2014 du Prix Femina
- 13/10 Prix littéraire: Première sélection 2014 du Prix des libraires
Fondé en 1955 par des adhérents de la Fédération Française des Syndicats de Libraires, le Prix des Libraires est remis traditionnellement à la mi-mars après des sélections qui vont s'épurant et ce dès le mois d'octobre de l'année précédente afin d'aboutir à une ultime sélection de trois romans généralistes de langue française. Il n'hésite pas à aller vers les littératures de mauvais genres puisque outre Georges Conchon, le prix a par le passé récompensé René Barjavel et Fred Vargas. Signalons au passage qu'en 1976 il a été décerné au tout récent Prix Nobel de littérature, Patrick Modiano, pour Villa triste. L'édition 2014 a dévoilé sa première sélection de vingt-sept titres. On y retrouve nombre de romans largement plébiscités comme ceux d'Adrien Bosc, d'Olivier Adam ou encore de David Foenkinos et de Clara Dupont-Monod. Mais Éric Vuillard avec son Tristesse de la terre n'est pas en reste. Le roman, qui s'intéresse à la seconde partie de la vie de Buffalo Bill est un témoignage de la transition d'une civilisation vers la comédie du spectacle (qui pourrait être apparenté à l'avènement de la décadence). Un roman western crépusculaire qui ébranle un peu le mythe d'un homme célèbre et vieillissant. Pour savoir s'il sera de la deuxième sélection, il faudra attendre le 3 novembre.
Première sélection 2014 :
- Peine perdue, d'Olivier Adam (Flammarion) ;
- Orphelins de Dieu, de Marcu Biancarelli (Actes Sud) ;
- Constellation, d'Adrien Bosc (Stock) ;
- L'Aménagement du territoire, d'Aurélien Bellanger (Gallimard) ;
- Toute ressemblance avec le père, de Franck Courtès (Jean-laude Lattès) ;
- Le Triangle d'hiver, de Julia Decm (Minuit) ;
- Les Brumes de l'apparence, de Frédérique Deghelt (Actes Sud) ;
- La Condition pavillonnaire, de Sophie Divry (Noir sur Blanc) ;
- Le Roi disait que j'étais diable, de Clara Dupont-Monod (Grasset) ;
- Charlotte, de David Foenkinos (Gallimard) ;
- Le Règne du vivant, d'Alice Ferney (Actes Sud) ;
- Incident voyageurs, de Dalibor Frioux (Le Seuil) ;
- Selon Vincent, de Christian Garcin (Stock) ;
- Aucun souvenir de Césarée, de Marie-Ange Guillaume (Le Passage) ;
- À l'origine notre père obscur, de Kaoutar Harchi (Actes Sud) ;
- L'Audience, d'Oriane Jeancourt-Galignami (Albin Michel) ;
- L'Écrivain national, de Serge Joncour (Flammarion) ;
- Joseph, de Marie-Hélène Lafon (Buchet-Chastel) ;
- Le Dernier gardien d'Ellis Island, de Gaëlle Josse (Noir sur Blanc) ;
- Le Manteau de Greta Garbo, de Nelly Kaprélian (Grasset) ;
- L'Amour et les forêts, d'Éric Reinhardt (Gallimard) ;
- Pas pleurer, de Lydie Salvayre (Le Seuil) ;
- La Peau de l'ours, de Joy Sorman (Gallimard) ;
- Voyageur malgré lui, de Minh Tran-Hui (Flammarion) ;
- Tristesse de la terre, d'Éric Vuillard (Actes Sud) ;
- Jacob, Jacob, de Valérie Zenatti (L'Olivier).
Liens : Fred Vargas - 09/10 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 des Prix Femina
- 30/09 Librairie: Buffalo Bill sur la Canebière
- 10/09 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix Wepler-Fondation La Poste
- 10/09 Prix littéraire: Prix littéraire du Monde 2014 : Carrère plutôt que Vuillard
L'art du spectacle
Dans une vision toute cinématographique, Éric Vuillard nous propose la dernière partie de la vie de Buffalo Bill Cody, fantasmée et édulcorée, en un texte plaisant qui ouvre quelques pistes sur l'émergence de la société du spectacle au crépuscule de la conquête de l'Ouest. Et c'est bien ainsi que l'on doit décrypter les dernières années de la vie d'un homme qui est quelque peu dans notre imaginaire l'égal de Davy Crockett. Pourtant, à l'instar du représentant de l'État du Tennessee, l'homme est un "holy bastard", exterminateur sans pitié de bisons dans le but avoué de repousser (au mieux) les indiens au fin fond de réserve désertiques où ne poussaient que des bouteilles de mauvais alcool.
Mais le pan de sa vie qui intéresse l'auteur est celui que le tireur consacre à sa troupe de théâtre populaire, le Buffalo Bill's Wild West. Il nous fait plonger dans un monde étonnant qui évoque la résurgence des jeux du cirque avec des spectacles à couper le souffle, des batailles épiques revisitées qui portent haut la gloire de la nation et qui font pousser des hurlements de haine chez les spectateurs qui veulent voir le sang des indigènes couler. Rien ne semble échapper à son œil. Le lecteur plonge dans les affres techniques et administratives car si le show est souvent réussi, il ne tient qu'à un fil financier. Et pourtant, le Buffalo Bill's Wild West, pionnier du genre, va à la rencontre de spectateurs avides aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.
L'Europe, et la France, c'est là que Éric Vuillard réussit peut-être à dresser le plus joli et intéressant portrait de Buffalo Bill en mettant en avant la solitude d'un homme ravagé par l'alcool, la noirceur d'une vie, qui se nourrit sexuellement de femmes de petites vertus et qui tombe peu à peu dans une décrépitude physique.
C'est là aussi qu'il fait ressurgir l'aspect visionnaire et empreint d'américanisme d'un homme tourmenté entre ses amitiés qu'il souhaite indéfectibles et son besoin de faire surnager sa dernière œuvre, son spectacle artistique avec toute sa grandeur. Dans un souci dans mettre plein la vue, Buffalo Bill aura convaincu l'un des plus grands chefs sioux, le respectable Sitting Bull, de faire partie de son show. L'indien ne sera pas autorisé à partir en Europe, dans l'intervalle il soutiendra les adeptes de la danse des esprits - un mouvement religieux indien qui trouvera une sanglante résolution lors du massacre de Wounded Knee - ce qui lui vaudra une tragique tentative d'arrestation et un lâche assassinat. Parti se recueillir sur sa dépouille, Buffalo Bill n'en oubliera pas moins de récupérer des reliques, marketing oblige.
C'est cette histoire doublement tragique et bouleversante, que nous narre Éric Vuillard. Elle est romancée, magnifiée, rendue légendaire, mais elle est aussi critique.
Le lecteur intéressé, curieux d'en savoir plus sur cet homme, incarnation de l'épopée américaine, pourra se plonger dans Vie et aventures de Buffalo Bill, un ouvrage d'Albert Bonneau, qui a été réédité l'année dernière aux Ateliers Fol'Fer. Albert Bonneau (1898-1967) étant l'une des figures marquantes de la littérature populaire française, l'une des figures de proue du western.
Récompenses :
Prix Joseph Kessel-SCAM 2015
Prix d'une vie 2014
Citation
Ainsi, tandis que Buffalo Bill poursuivait son immense périple autour du vide, n'attirant plus autant les foules qu'auparavant, perdant de l'argent même, et cependant incapable de s'arrêter, Elmer fondait Luna Park.