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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Bastide-Foltz
Paris : Jean-Claude Lattès, avril 2014
647 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7096-4580-5
Rocambole pas mort
Un narrateur anonyme se faisant appeler Campbell est appelé suite à un meurtre particulièrement sordide, celui d'une femme retrouvée dans une baignoire remplie d'acide. Or la meurtrière insaisissable, qui a loué la chambre, s'est servi d'un manuel de criminologie écrit par Campbell pour réussir un crime parfait... La seule chose que Campbell retrouve en guise d'indice est un indicatif de téléphone de Bodrum, en Turquie. S'il a pris sa retraite depuis quelques temps, c'est là que Campbell a affronté un narcotrafiquant alors qu'il était employé par une officine ultra-secrète. Mais l'affaire le renvoie aussi à un terroriste nommé Saracen qui vient de s'emparer d'un virus mortel...
Depuis la fin de la guerre froide, on se demande ce que feraient les auteurs de thriller international sans les grands méchants terroristes... Terry Hayes étant scénaristes de séries TV, ce qui le range parmi les surhommes de ce bas-monde nimbé de gloire cathodique (mais dans une autre incarnation, il fut aussi scénariste des Mad Max, ce qui, il est vrai, vaut moins cher en points de coolitude), nul doute qu'il n'était même pas besoin d'ouvrir cet imposant thriller pour commencer à faire le buzz... Et pourtant, un peu de travail éditorial aurait remis les pendules à l'heure : de flashbacks interminables en scènes à faire (où on nous évite tout de même la course-poursuite de type "l'homme qui a vu l'homme qui a vu la bombe"), le tout développe un scénario passablement rocambolesque multipliant les péripéties sans trop se soucier d'arc narratif. Chaque nouvel indice est l'objet d'une description d'entomologiste des circonstances quitte à étirer la crédibilité (le héros réussit tout de même à extraire une image de miroirs...). Le tout finit par faire penser à la série néo-con de Philip Le Roy consacrée à l'inoxydable Nathan Love, le héros passant de la haute moralité (il subit un de ces fameux supplice de la noyade) à une attitude très "la fin justifie les moyens", plus quelques considérations condescendantes à souhait sur les pays visités (puisqu'en dehors de la grande Amérique, point de salut, comme chacun le sait). L'ensemble s'éloigne tant de son point de départ qu'il en finit par craquer sous son propre poids, la résolution relevant d'une de ces éternelles machinations d'une complexité bien inutile. Et le problème est celui de ce genre de romans : le monde sera-t-il sauvé ? Brrrr, on tremble...
Bref, plusieurs romans en un — pas forcément mauvais, mais la greffe prend mal — qui, en effet, devraient plaire aux amateurs de séries TV où l'on n'est guère regardant sur la crédibilité et, donc, devrait se vendre tout seul en tête de gondole. Pour la fraîcheur et l'originalité, il faudra aller voir ailleurs...
Citation
La jeune femme dans la baignoire est méconnaissable : les trois jours passés dans l'acide ont totalement effacé ses traits. C'était le but, je suppose.