Dark Hazard

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Roman - Noir

Dark Hazard

Social - Sportif - Gang MAJ vendredi 12 septembre 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 22 €

William Riley Burnett
Dark Hazard - 1933
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil, Danièle Bondil, revu et complété par Pierre Bondil
Montreuil : Folies d'encre, juin 2014
346 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-907337-73-1

Lévrier économique

William Riley Burnett a souvent rapporté son addiction aux courses de chevaux et de lévriers responsables de lourdes pertes en 1938. En 1933, non encore sevré, il écrivait Dark Hazard, un roman noir mettant en scène le personnage plutôt marginal de Jim Turner, qui tombe amoureux d'un lévrier, et qui va perdre bien plus que sa fortune sur un cynodrome. Le romancier américain plante son décor dans le hall d'un hôtel. Jim Turner y est veilleur de nuit. Il vivote tandis que Marg, sa femme, s'occupe de leur modeste intérieur dans une des chambres réservées au personnel. D'un caractère bien trempé, il subit plusieurs soirs les quolibets d'un dur de dur qui le méprise ouvertement jusqu'à cette nuit où il l'étend d'un coup de poing et qu'il se fait virer. L'histoire est à la fois tragique et sociale et, surtout, elle n'est pas nouvelle dans une Amérique qui subit de plein fouet les effets de la crise de 1929. Seulement, le passé de Jim Turner est celui d'un flambeur généreux qui a longtemps vécu avec de jolies pépées au bras avant de tout perdre (pour la première fois) et de se ranger au côté d'une femme aimante et raisonnable. Mais ce coup de sang (ou de poing) qui appartient aux hommes rustres et entiers va lui offrir une nouvelle opportunité d'arpenter les sentiers décrépis du déshonneur. Remis en selle par celui qu'il a frappé dans une scène très réussie dans un grand restaurant qui n'apprécie pas les esclandres, Jim Turner va taire à sa femme les origines de sa nouvelle fortune, et va s'emprisonner dans une accumulation de petits méfaits au point d'obtenir de nouvelles responsabilités malhonnêtes. S'il réussit un temps à convaincre Marg de l'accompagner dans ses nouvelles fonctions, il ne va pas réussir à conserver son estime car il va recommencer à parier. Découvrant les courses de lévriers avec leurre (et triche car tout dépend de la position de départ), il va se prendre de passion pour Dark Hazard, ce lévrier frêle sur patte que son propriétaire ne veut surtout pas vendre. Mais, et l'aspect témoignage est hautement intéressant et donne une idée bien précise de l'esprit tordu américain vis-à-vis de ses lois, afin de rendre légales les course de lévriers et de permettre les paris, les bêtes peuvent (doivent) être vendues si un acquéreur qui y met un certain prix se présente. Alors Jim Turner va amasser une petite fortune, en perdre la moitié (en même temps que sa femme), finir par obtenir l'animal incriminer, gagner des courses avant que la bête ne se blesse, retrouver sa femme et un fils, reperdre sa femme et se perdre finalement lui-même. Le roman en lui-même est mythologique et est une longue parabole de la fin de la conquête de l'Ouest et de l'imminence de l'arrivée de la société du spectacle. Il y a cette volonté antique d'annoncer la fin d'un empire. Et il y a surtout ces portraits d'humains décontenancés au réalisme troublant. Le roman est proposé dans une traduction revisitée par Pierre Bondil, l'un des traducteurs initiaux. Mais il aurait plus eu sa place dans une grande collection poche de littérature noire que dans un grand format et proposé à un prix hautement déraisonnable. N'empêche que William Riley Burnett est aux courses de lévriers ce que Ernest Hemingway est à la tauromachie : un virtuose de l'écriture qui sait faire monter l'adrénaline de ses lecteurs.

Citation

L'amour sous un toit de chaume. Bah, y a pire. Au revoir. Voilà l'amour de ma vie : regarde-le qui s'dépêche, il a peur de rater quelque chose. Tu parles d'un crétin !

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 11 septembre 2014
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