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Dictionnaire des mots des flics et des voyous
Poche
Réédition
Tout public
Le Comanche et le céréale killer
Philippe Normand collectionne les bons mots, plus qu'il ne les recèle. Mais pas n'importe lesquels évidemment : ceux du tout-venant judiciaire. Un vrai butin linguistique que cet ancien flic a amassé avec une patience et une érudition qui soulèvent l'admiration ! L'ouvrage absorbe, dépliant page après page son encyclopédie de tonton flingueur, haut en couleurs bien sûr, mais aussi savant.
Argots, jurons, il contient même tout le lexique cryptique inventé par les truands pour échapper aux flics. Une vraie mine d'or, de l'antiphrase à l'apocope, étudiant avec intelligence l'évolution de ce langage si singulier au fil des âges, jouant volontiers aujourd'hui du redoublement syllabique (les zonzons) ou de la resuffixation. Rien n'a échappé semble-t-il à l'enquêteur gourmand, pas même la siglaison qui fait l'objet d'une recollection lumineuse. Philippe Normand pousse même le bon goût jusqu'à ramener à la surface d'une littérature terriblement riche les anciens vocables disparus, nous gratifiant au passage d'une connaissance qui est tout sauf prétentieuse.
On ne résiste pas à convoquer ses "aboyeuses", ces femmes appointées par les Comités de Salut Public pour injurier les condamnés et empêcher que le peuple ne s'apitoie à leur passage sur leur sort... Tout comme à signaler que dans leur glossaire imagé, les flics ont surnommé non sans raison le Ministère des Finances "l'Aspirateur"...
À lire sans modération donc, au coin du feu sinon d'un "barbecue", à moins qu'il n'ait rien à voir avec ces radars que les flics de la route déplient non sans mal en maugréant. En supplément, Philippe Normand nous livre une belle leçon d'étymologie à propos des origines du mot "flic", désormais plus familier que péjoratif. Et nous rappelle que cette langue est loin d'être morte, qui sait chaque jour imposer de nouvelles expressions, comme le "kerviel", ("n. m., unité de mesure monétaire pesant 5 milliards d'euros...").
Citation
Maigret enquêtait seul. Dans la vraie vie, il se ferait caillasser.