La Mer les emportera

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Roman - Noir

La Mer les emportera

Économique - Psychologique - Huis-clos - Enlèvement MAJ samedi 27 septembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Nick Dybek
When Captain Flint Was Still a Good Man - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Karine Lalechère
Paris : Presses de la Cité, août 2014
308 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-10542-3
Coll. "Domaine étranger"

Huis-clos marin

Le lieu où se déroule l'action de ce roman se nomme Loyalty Island. Un nom sans aucun doute symbolique, mais qui recouvre une double réalité. Tout d'abord, l'île qui renvoie à un univers clos, un univers d'hommes, de travailleurs de la mer, d'une solidarité de fait. Et c'est bel et bien le cas avec ce roman dans lequel John Gaunt, un armateur, dirige de manière paternaliste plusieurs bateaux de pêche au crabe commandés par des fiers habitants de cette île proche de l'Alaska et qui n'attendent que le moment de passer la main à leur fils. Des commandants qui se réunissent régulièrement pour se remémorer la longue lignée des armateurs et des capitaines qui ponctuèrent la vie sociale et économique de la communauté. Mais Loyalty se réfère également et surtout à la loyauté, cette loyauté que l'on doit à ses "compatriotes", à ceux d'une même caste, à ceux qui partagent les mêmes rêves et les mêmes duretés de la vie.
Lorsque le roman s'ouvre, tout ceci est sur le point de basculer. Le patriarche est aux portes de la mort. S'il n'a qu'un seul héritier, celui-ci ne semble guère intéressé par la mer et la vie insulaire. Alors des bruits courent comme quoi il voudrait vendre la flotte à des Japonais qui entendent mettre en coupe réglée la région. Et lors d'une campagne de pêche, il meurt en pleine mer... Nous sommes en 1986. Cal Bollings, le narrateur de l'histoire, est un jeune homme qui se trouve être le fils de l'un des capitaines : quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre que l'héritier est enfermé dans le sous-sol de sa maison, et que les "mutins" n'ont pas pu se résoudre à le tuer. La loyauté disions nous ? Vers qui doit aller cette loyauté ? Vers un père qu'il apprécie peu ? Vers une île qu'il veut quitter ? Vers une communauté pour laquelle il n'éprouve aucune attache ? Vers ses camarades de jeu et d'école qui veulent vivre et travailler au pays ? Vers un homme prisonnier qu'il connaît peu ?
La Mer les emportera est un récit d'apprentissage, où le héros conserve toujours une distance par rapport aux événements. Il n'a pas l'air surpris de découvrir le prisonnier et entame une relation avec lui comme s'il était un ami normal sans se soucier du fait qu'il est attaché. Les amateurs de romans policiers ou de romans noirs seront un peu surpris car cet ouvrage, premier roman de Nick Dybeck, joue sur le classicisme, sur l'ambiance et la description, sur la vie de cette communauté, sur les atermoiements de son personnage central, dans des interrogations plus proches de la littérature générale que d'un texte marqué par un genre, comme tout bon roman d'atmosphère oppressante.

Citation

Loyalty Island, c'était la puanteur des harengs, de la peinture au nickel, du varech qui pourrissait sur les amarres et les plages.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 27 septembre 2014
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