Saisis au vol

Le diable a effectivement été utilisé pour faire peur aux enfants, à des populations entières, et même à certains curés, il faut l'avouer. Ce n'est pourtant qu'une légende. Je n'entrerai pas dans les détails, mais il existe ce qu'on peut appeler diable, démons ou forces du mal. Mon objectif n'est pas de vous en convaincre et je vous demanderai juste de me croire, l'espace de quelques minutes.
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Roman - Policier

Saisis au vol

Braquage/Cambriolage - Mafia - Artistique MAJ dimanche 28 septembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Patrick Weiller
Paris : Cohen & Cohen, mai 2014
150 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-36749-013-7
Coll. "ArtNoir"

Et voilà le tableau !

Nous retrouvons avec grand plaisir le narrateur-héros-miroir de Patrick Weiller, marchand de tableaux sans galerie ni magasin, errant de foire en foire à travers l'Europe pour dénicher des chefs d'œuvre oubliés du XVIIe siècle. L'auteur, ancien médecin et psychiatre hospitalier, est devenu marchand d'art avant d'estimer n'être pas assez commerçant. Ici, il fait le pied de grue pour entrer dans le hall de la grande foire aux antiquités et brocantes de Toulouse et nous fait partager son impatience en traçant vite fait des portraits du public et des exposants.
L'aiguillon de la recherche le tenaille. Trouvera-t-il la perle rare ?
C'est avec son style inimitable de sobriété que l'auteur nous fait ressentir la poussée d'adrénaline du chineur quand la scène finit en apothéose : il met la main sur un petit cuivre qu'il estime être de la main de Joachim Wtewael, un maître hollandais. S'enchaînent alors les tractations avec le vendeur qui, visiblement, dissimule des éléments, une "fausse" expertise pour orienter le vendeur vers un autre artiste contemporain de Wtewael mais nettement moins cher. S'ensuit un jeu du chat et de la souris avec enquête de notre héros qui, de documentations au Louvre, en visites hollandaises, prouve la provenance douteuse de l'œuvre inestimable. Un antiquaire assassiné, un millionnaire collectionneur et son chauffeur patibulaire constituent les ingrédients de l'enquête dont le piège va se refermer sur notre héros.
D'une façon assez incongrue, l'affaire est bouclée au milieu du livre et, comme transition, le commissaire Pommier va exercer sur notre héros trouillard un chantage : en échange de l'oubli de ses petites entorses à la légalité lors de l'affaire du Wtewael, il doit jouer le rôle de la chèvre dans un deal de mafieux avec un riche russe. Expert dûment lesté d'un GPS dans sa chaussure de luxe, il doit estimer un Caravage volé depuis quarante ans et proposé au Russe. Le but étant de localiser la planque.
Malgré ses déplacements entre Paris et la province, l'Italie, la Hollande et la Sicile, malgré ces résumés dynamiques en diable, notre héros n'est pas James Bond mais un esthète qui prend le temps de faire des visites à ses tableaux préférés dans les musées ou les églises. C'est aussi un cerveau qui turbine à cent à l'heure quand il s'agit d'expertiser une œuvre. Malgré quelques galipettes avec une connaissance prénommée Margot et qui l'accompagne en Sicile pour le dénouement très "Club des Cinq" de l'affaire du Caravage, notre héros reste lunaire, craintif et attachant. Sa tirade sur son statut de marchand d'art lors de l'épilogue avec le père de Margot ramène bien le ton vers une certaine désillusion.
Saisis au vol est donc un titre bien trouvé puisque les deux récits concernent deux tableaux volés. Que l'un soit très petit et l'autre très grand constitue aussi une aimable trouvaille pour aborder la vastitude de l'art. Techniquement, l'auteur se rattrape aux branches dans l'épilogue pour unir les deux affaires mais on suppute, qu'au départ, elles constituaient deux récits bien distincts.
Mais ce n'est pas important. Au terme de ce roman qui se lit très vite, Patrick Weiller est parvenu à nous promener avec sa nonchalance distinguée et un peu désabusée dans un monde incroyable dont il connaît toutes les ficelles et toutes les têtes. Et il n'oublie pas le sens artistique et la passion. Loin de nous assommer de documentation, il procède par petites touches, comme un peintre malicieux. Souvent c'est un enchantement.

Citation

Mais Rembrandt ne m'émeut pas. Il pèse des tonnes. Moi, ce que j'aime, c'est un pinceau qui bouge, pas un pinceau qui touche. Un pinceau qui tire une pâte ductile et onctueuse, pas un pinceau qui superpose, amasse, accumule, grumelle des petites touches jusqu'à en maçonner la toile.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 28 septembre 2014
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