Contenu
Parker : Fun Island
Grand format
Inédit
Tout public
Parker: Slayground - 2013
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Paris : Dargaud, août 2014
104 p. ; illustrations en couleur ; 26 x 19 cm
ISBN 978-2-205-07198-6
Amusement sanglant
Darwyn Cooke continue avec beaucoup de talent et de maîtrise d'adapter les aventures de Parker, ce héros froid et parfois désabusé, homme d'actions malhonnêtes qui n'a de cesse de se retrouver dans des situations inextricables. Cet homme cynique qui aime à manier les armes, qui est d'une grande droiture mais qui n'hésite pas quand la situation l'exige à se séparer de ses complices est né de l'imagination de Richard Stark. S'il n'est pas un super-héros, ni un super-villain, Parker n'a rien à envier aux Spider-Man, Batman et autre Catwoman qui ont fait le succès de Darwyn Cooke. Certes, il ne passe pas sa vie à sauver le monde ou à vouloir le détruire, mais la suite d'actions qui le préoccupent consiste à sauver sa peau en éliminant ceux qui veulent le détruire.
Fun Island relate le casse d'un fourgon blindé qui tourne mal car si l'opération semble particulièrement bien rouler pour Parker et ses deux complices, une voiture de patrouille pointe inopinément le bout de son capot. Aussi sec c'est la débandade avec un chauffeur qui perd les pédales et qui à force de trop appuyer sur celle de l'accélérateur envoie tout le monde valdinguer dans le décor. Et le décor à pour nom Fun Island, un centre de loisirs, ville fantôme abandonnée en cette période hivernale, encerclé par des mafieux et des flics pourris. Parker, seul rescapé, a le temps de peaufiner sa stratégie et de multiplier les pièges et les leurres. Il faut dire que les malfrats n'ont pas pu choisir le lieu où Parker se terre (on découvre même au hasard de l'album une double page qui est un dépliant touristique qui vante l'aspect paradisiaque de cette ville fantôme), et qu'avec des miroirs un peu partout, des salles de reconstitution où se mêlent différents personnages de cire... il y a de quoi faire. Il ne manque que le train fantôme mais les ombres qui vont peu à peu se mouvoir vont finir par y perdre l'âme. Seul hic pour Parker : il abat le fils unique du mafieux de la ville. Alors tout se déchaine avec encore plus de furie.
Le bédéiste de comics s'en donne à cœur joie dans une bande dessinée où il continue sont très soigné travail de bichromie. Économie au niveau du dessin puisque de planche en planche certains détails uniquement changent, mais économie également au niveau des textes avec des dialogues ciselés et des descriptions réduites au strict minimum. L'ensemble donne un comic où l'action est omniprésente. Elle s'accompagne d'un humour noir féroce, d'une violence froide. Parker nous est sympathique et l'on a envie de le voir s'enfuir tout en laissant un joli lots de cadavres - flics pourris et malfrats poignardés, électrocutés, criblés de balles - afin de le confondre avec un justicier. Car il est un fait qu'il laisse dans son sillon une ville exsangue de ses brigands en tous genres. À la suite de cette aventure, et dans une nouvelle bichromie, Darwyn Cooke nous propose une autre mais très courte aventure de Parker sur fond de malentendu, de trahison et de jalousie. L'ensemble est teinté d'une douce ironie, et le dessinateur s'amuse avec ses découpages habituels. À suivre !
NdR - La bande dessinée comporte les deux aventures suivantes de Parker : Fun Island (Slayground, 2013) & Le Septième (The 7eventh, 2011).
Citation
La règle c'était qu'à défaut de s'échapper, il fallait se terrer.