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Roman - Noir

Sara la noire

Enlèvement - Corruption - Urbain MAJ vendredi 24 mars 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Public connaisseur

Prix: 7,5 €

Gianni Pirozzi
Postface de Christophe Dupuis
Paris : Rivages, septembre 2014
200 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2877-2
Coll. "Noir", 966

Flic, proxo et dealer

Inspiré de la nouvelle "Entrée du diable à Barbès-ville" de Marc Villard, ce nouveau et attendu roman de Gianni Pirozzi nous emmène au fin fond du Paris interlope gangrené de l'intérieur et pourri jusqu'aux os. Son héros, lieutenant de police mi-voyou, mi-romantique au grand cœur, est dans la lignée de ces personnages gris pour qui la réalité est complexe. Guillermo est un flic aux origines tsiganes ce qui lui vaudra d'être surnommé par deux hommes de l'IGS "Jobi Joba" lors d'un ultime marché vraiment crade. Mais pour l'heure il erre dans Paris entre le XVIIIe et le XIIe arrondissement, mais aussi du côté d'un refuge pour femmes battues avec à sa tête Caroline. Un refuge, c'est vite dit puisqu'il approvisionne ces femmes en drogue et qu'en échange elles vendent leur corps. Parmi elles, Hafzia, jeune Marocaine aux yeux immenses et à la chevelure époustouflante, venue en France pour un mariage arrangé avec un homme au caractère plus acide que ses rottweilers. S'il la prostitue, Guillermo en est cependant raide dingue. Tout comme il est obnubilé par une affaire vieille de sept ans, du temps où il était en poste en Camargue. Là-bas, deux filles de gitans ont été prises à partie par un père et son fils qui les ont violentées, pourchassées, tuées - enfin, le corps de celle de quinze ans n'a jamais été découvert, et Guillermo est sûr qu'elle est encore en vie sans pouvoir expliquer pourquoi. Le fils est mort lors de représailles dans la maison paternelle en feu, le père convaincu de toutes les charges et gravement brûlé finit aujourd'hui ses jours dans un hôpital du Kremlin-Bicêtre et s'est confié à un voisin de lit. Cette histoire et cette enquête vont se décanter avec la sortie de prison d'une petite frappe, Djibril, qui aura la courage de s'interposer dans une rixe sanglante entre deux sans-abri. Convoqué comme témoin, il va faire l'objet d'un chantage de la part du commissaire Monsanto. Ce dernier lui imposera de tuer froidement Guillermo en échange de son territoire et de soixante dix pour cent des bénéfices...

Si l'univers développé par Gianni Pirozzi est sombre et crade, sa plume est à l'opposé. On retrouve toute la poésie désenchantée qui a fait le succès de Romicide et l'art des descriptions. L'auteur continue de développer ses thèmes sociétaux en se focalisant sur les gitans avec la figure de ce flic de roman noir, crapule qui nous est paradoxalement sympathique, et cette fille disparue en pleine Camargue et dont on devine l'issue terrible (sans oublier l'autre victime, déjà morte). Une intrigue solide qui tient parfaitement la route tout au long de ces deux cents pages, qui elles sont difficilement tenables.

Citation

T'es barge, Guillermo. Avec la thune que tu ramasses, tu pourrais te payer Tahiti et tu veux juste manier la pioche chez les ploucs sous le cagnard.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 04 octobre 2014
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