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Grand format
Inédit
Tout public
312 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-265-09777-3
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Ce qui reste de la nuit en nous
Le roman s'ouvre par une scène d'horreur : qui a bien pu assassiner sauvagement un pasteur, lui coupant la main - d'ailleurs, comme elle a disparu, le coupable l'aurait-il mangé ? -, et surtout découpé son fils en morceaux. Seul témoin du crime, un drogué repenti, qui traîne dans la chambre du mort mais ne sait rien ou pas grand-chose. Barry Donovan, policier qui en a déjà vu de toutes les couleurs, a pour meilleur ami un vampire. Ensemble, ils tentent de reconstruire une vie "humaine" en niant la sauvagerie bestiale de Werner, le mort-vivant. Barry, lui, veut renouer des relations sociales bien en mal depuis la mort de sa femme et de sa fille. Mais comment faire dans ce monde moderne où les notions de Bien et de Mal sont si fluctuantes ?
Face au thriller convenu, David (S.) Khara brouille les cartes car dans ce volet il y a un commando de Templiers qui ont pour mission de détruire des mages et qui se sont damnés volontairement afin d'effectuer leur mission. Mais il existe des dissensions entre les différents officiers chargés de la mission, et qui sait s'ils veulent vraiment tuer les mages ou s'emparer de leurs pouvoirs pour leur gloire personnelle... Face à eux, Werner, le vampire, voit la bague familiale qui lui donne des pouvoirs se mettre à briller et il doit commettre des actes qui lui répugnent, comme s'il passait du côté obscur de la Force.
L'auteur joue avec les clichés du vampire ténébreux, riche et dandy, et de ceux des policiers qui se saoulent. Il y a aussi les Templiers tendus vers leurs objectifs qui s'adaptent au monde en chevauchant des motos mais qui restent cependant deux à califourchon sur un véhicule, l'érudit qui connaît les détails sur les rituels et qui vit dans un dédale de livres. Mais cela permet de travailler autour de thèmes plus proches du noir que du fantastique pur : la rédemption, le besoin de solidarité, le désir de rester humain dans une mégalopole qui détruit les âmes et les corps, y compris dans les expressions les plus triviales comme boire et se saouler ensemble, manger, embrasser et sentir un corps.
Si l'intrigue est de facture très classique avec une lutte ancestrale entre deux forces censées symbolisées le Bien et le Mal - mais c'est ici beaucoup plus poreux -, le traitement colle avec vigueur et rapidité à son sujet et offre de beaux portraits, bien dessinés, et des personnages plus ambigus qu'il n'y paraît au premier abord. David Khara continue ainsi à creuser son sillon dans une littérature populaire, de genre, qui ne renie pas ses origines, et il offre un roman dont il n'a pas à rougir, ce qui serait le comble pour une histoire de vampires, non ?
Citation
Barry ne peut esquiver la charge du vampire qui lui enserra la gorge et le décolla du sol. Dans le même mouvement, il plaqua le policier contre le mur, lui arrachant un cri déchirant.