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L'Inconnu du Grand Canal
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gabriella Zimmermann
Paris : Calmann-Lévy, octobre 2014
308 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5596-7
Bas les masques
Comme l'indique le titre, il y a des choses bestiales dans le monde. L'une d'entre elles, c'est peut-être de se nourrir de chair animale. C'est en tout cas ce que pourrait penser le commissaire Brunetti, tant les gens qui l'entourent virent de plus en plus au végétarisme. Cette tendance sera sans doute renforcée lorsqu'il ira visiter les abattoirs de Mestre (la banlieue terrestre de Venise) et qu'il découvrira une vision dantesque (même si Donna Leon n'est pas Vénitienne mais peut-être la plus italienne des Américaines). Si les choses sont bestiales, ne serait-ce pas aussi parce que le commissaire doit enquêter sur la mort violente d'un vétérinaire, ce qui vaudra à la fin du livre un enterrement très étrange avec les patients du mort venus lui rendre un dernier hommage ? Lorsqu'il découvre que la victime venait de se séparer de sa femme pour une liaison adultérine, il ne peut effectivement que songer que la bestialité et la sexualité (à supposer que ce soit deux choses différentes) sont la cause de bien des tracas et de bien des morts. Son enquête lui montre-t-elle que le vétérinaire avait une maîtresse qui ne s'intéressait à lui que pour le sexe ? Cela renforce encore plus la bestialité de la chose. Et, bien évidemment, derrière tout cela, il y a des questions de gros sous et de petits arrangements avec la loi.
Comme le roman se situe à Venise, il est régulièrement question de la pollution des eaux, de la montée de ces mêmes eaux et de l'inutilité des barrages censés empêcher cette crue, de la lenteur à se déplacer. Une sorte de parallèle entre la vase qui neutralise la ville et la bourbe qui s'empare des cœurs et des âmes. Le commissaire enquête à son rythme, comme lui aussi englué dans cette vase. De nombreuses digressions, de longs détails sur les personnages, des allers-retours entre les différents suspects, alors que le lecteur a très vite compris ce qui se cachait derrière tout cela, constitue l'ossature du roman, qui avance à une allure de sénateur italien installé dans une gondole.
Citation
Brunetti tapa l'adresse de Pucetti et lui fit suivre l'e-mail avec les extraits de vidéo en pièces jointes, éteignit son ordinateur et descendit les escaliers, pour partir à la recherche de cet homme.