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Grand format
Inédit
À partir de 15 ans
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Paris : Gallimard jeunesse, septembre 2014
290 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-07-065585-4
Coll. "Scripto"
Melvin Burgess met la dose
Lizzie et Adam sont amoureux. Mais à leur époque futuriste comme à la nôtre, leur appartenance à des classes sociales différentes les empêche de vivre normalement leur passion. De plus, ils évoluent dans une société dans laquelle l'extrême mal-être des jeunes se traduit par leur décision irrévocable de programmer leur mort en avalant une gélule fatale. Alors que toute une génération se précipite vers la mort et choisit de braver tous les interdits et toutes les lois au gré de ses ultimes envies, les deux jeunes amoureux parviendront-ils, sur fond de manifestations, de pillages, d'excès et de violence, à faire la part des choses et à retrouver ce qui donne à la vie tout son sens et échapper au tragique destin de toute une génération ?
Très dérangeant car bâti autour du postulat que plus rien ne compte suffisamment pour tenir à la vie alors même que l'on est jeune adulte, La Dose, ce thriller (car ce texte est bel et bien bâti et mené comme tel), est une plongée vertigineuse dans un monde dont le mot d'ordre est plus que jamais "sexe, drogue and rock'n roll. Les repères d'Adam et Lizzie comme ceux du lecteur volent en éclats dès les premières lignes, lorsque l'on apprend qu'il ne reste que sept jours à vivre (à la seconde près) à tous ceux qui ont choisi d'avaler une dose de Raid ; plus rien n'a donc de réelle importance que de réaliser, à tout prix et en prenant tous les risques, ses dernières volontés. Viols, vols, agressions... Des milliers de morts en sursis sèment la terreur au nom de leurs propres aspirations tandis que le reste de la société, atterrée et effrayée, descend dans la rue pour se faire entendre des gouvernants.
Sans aller jusqu'à un mimétisme parfait – ouf ! -, impossible de ne pas faire le rapprochement avec certaines de nos actualités plus ou moins récentes : au nom d'idéaux, il y aura toujours de fervents défenseurs pour les défendre, voire attaquer. Adam et Lizzie, bien qu'issus de milieux sociaux en proie à des difficultés et à des problématiques différentes, dépassent vite la période d'euphorie des premiers jours pour sombrer dans la terreur et mettre le pied dans un univers qui les confrontera pour la première fois au grand banditisme, à la mort et à la violence froide et mortelle.
Les lignes ci-dessus vous paraissent bien sombres ? Pourtant, elles ne font qu'esquisser l'atmosphère oppressant et angoissant qui assaille rapidement le lecteur. Adam et Lizzie sont bousculés comme des fétus de paille par des événements bien trop énormes pour leurs épaules et leurs âges dans lesquels ils entendent pourtant jouer un rôle. Tels des héros de séries télévisées (car c'est immédiatement le parallèle que l'on se fait en lisant les premiers chapitres), les deux adolescents sont tour à tour aidés et menacés par de parfaits inconnus qui tous leur apportent leur pierre à l'édifice de leur compréhension.
Braquages, enlèvement, fusillades, exécutions sommaires, scènes de sexe, tous les éléments sont réunis pour faire de La Dose une référence de la littérature jeunesse dans laquelle Melvin Burgess illustre à nouveau tout son talent et laisse libre court à toute la violence de son imagination. Un coup de poing remarquable à distribuer aux lecteurs avertis.
Citation
Lizzie avait raison. Adam n'était pas le seul concerné. Il avait commis un suicide : il était en chute libre sans corde. La chute était longue, mais elle se terminerait malgré tout bien trop vite, et il ne serait pas la seule victime. Il venait de faire un sort aux espoirs de ses parents. En mettant fin à sa vie, il détruisait la leur.