Contenu
Les Grandes affaires criminelles de Poitiers
Poche
Réédition
Tout public
480 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-36746-251-6
Coll. "Histoire"
Cinq siècles de procédures criminelles
Professeur à la faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers où il enseigne l'histoire du droit pénal (en 2007 date de cette réimpression), Jean-Marie Augustin, "avec le recul de l'historien, l'œil du juriste et le talent du romancier" a compilé dix-sept affaires criminelles qui ont marqué l'histoire de Poitiers. En fait, le spectre est très large puisque la première affaire est celle de Jacques Cœur, l'argentier du roi tombé en disgrâce en 1453 et la dernière celle de deux médecins anesthésistes de l'hôpital de Poitiers en 1984, accusés d'avoir inversé les tuyaux d'un respirateur pour faire tomber leur mandarin suite à la mort de la patiente lors d'une opération bénigne. Toutes les histoires sont bien menées et très bien cadrées par le style de l'historien qui travaille à partir des archives et cite les paroles qui ont été recueillies. Il ajoute, de plus, une bibliographie et la liste des sources à chaque fin d'histoire, ainsi que des documents bien choisis. Bien sûr, il s'attarde sur les procédures mais il débouche sur d'étonnants constats comme la peine de mort pour les prêtres réfractaires et ceux qui les cachent, mais pas pour ceux qui se font baptiser, marier ou qui suivent les messes clandestines. La peine de la roue est applicable même si le coupable s'est fait tuer en tentant une évasion : c'est le bourreau qui, à genoux va faire amende honorable à la place du coupable. Et le cadavre sera ensuite roué comme s'il avait été vivant ! Cette histoire concerne "L'Auberge rouge de la Porte Saint-Lazare" (1661) dont l'ancien propriétaire est accusé du meurtre de huit personnes, jamais identifiées, et dont les squelettes sont retrouvés sous le carrelage de la salle lors de travaux réalisés par le nouvel aubergiste.
Auparavant, l'auteur nous a appris ce qu'était le droit d'asile en parallèle de l'affaire Jacques Cœur, nous a raconté ensuite le meurtre à la cour d'Henri III qui s'était déplacée à Poitiers (la femme de son favori) et l'incroyable histoire des "Possédées de Loudun" (1634) qui conduisirent à l'exécution du prêtre Urbain Grandier, brûlé vif après les accusations de sorcellerie et surtout ses prises de positions politiques (et sociales) très mal vues. On apprendra tout sur les émeutes de jeunes gens de Usson, en 1793, qui refusèrent de se faire engager ; sur "Les Brigands royaux" aristocrates masqués attaquant les diligences, ainsi que sur "La Mère des prêtres", la Gauffreau, à la tête d'un véritable réseau pour cacher les réfractaires. Après "La Conspiration du général Berton" décapité en 1822 alors que le roi savait parfaitement qu'il avait été manipulé par de puissants politiques, voici "Le Pendu de Beaulieu" (1846), une histoire très campagnarde où les enquêteurs examinent les traces de sabots autour de la scène du crime puis comparent avec ceux des suspects sans résultat. Le juge a l'idée de tamiser les cendres d'un foyer : on y a brûlé des sabots mais les clous restent ! Et ce seront eux qui trahiront les coupables : une mère et son fils, décapités ensuite. "La Séquestrée de Poitiers" (1901) ouvre la période moderne. André Gide en a tiré un livre. L'auteur se montre très efficace dans le récit de cette incroyable affaire tout comme le hit de "La Bonne dame de Loudun" où les procès de Marie Besnard, accusée d'avoir empoisonné toute sa famille, conduisent à une bataille d'experts qui se répétera d'ailleurs lors de "L'Affaire des médecins anesthésistes". La sinistre période de la Seconde Guerre mondiale n'est pas oubliée avec "L'Attentat contre le Dr Guérin", un collaborateur notoire en 1943, attentat monté par des jeunes gens dont plusieurs finiront fusillés. "Les Policiers tortionnaires de la Pierre-Levée" constituent une équipe de la SAP (Service des Affaires Politiques) voulue par le gouvernement de Vichy et dont le commissaire Bernard Rousselet prend la tête à son corps défendant. Appuyant la milice et la Gestapo, les membres de la SAP se montreront très partants pour les tortures...
Précis, n'hésitant pas, par exemple, à replacer les adresses anciennes avec leur nouveau nom, détaillant les procès, Jean-Marie Augustin livre ici un ouvrage d'historien très complet, dynamique, vaste de culture et de données qui intéressera un public choisi.
Citation
Marthe Gauffreau est en relation avec d'autres dévotes de la ville qui acceptent de cacher des prêtres réfractaires : les demoiselles du Tertre de la Coudre qui habitent rue de la Prévôté, la veuve Mallet, près du cimetière Saint-Cybard, ou Mme Savatte de Genouillé dont la maison se trouve rue Saint-Denis.