Police du peuple

Quand on vivait dans un endroit pareil, soit on grandissait vite, soit on était largué. Il y avait des parents drogués et maltraitants partout dans ce quartier, trois générations de paumés et de ratés complètement assistés par une institution après l'autre. Plus de la moitié des camarades de classe de Bean n'avaient qu'un parent, et la plupart d'entre eux avaient été déclarés 'en situation à risque'.
Doug Johnstone - Voyous
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Police du peuple

Ethnologique - Politique - Social - Ésotérique MAJ mercredi 12 novembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Norman Spinrad
Police State - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sylvie Denis
Paris : Fayard, octobre 2014
296 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-213-66262-6

Révolution sauce cajun

Norman Spinrad est un auteur américain qui a toujours voulu travailler sur le pouvoir, sur ses manipulations, sur la façon dont la société pourrait s'aménager pour offrir une vie plus saine, stable et honorable. S'il s'est concentré sur la science-fiction pour décrire des sociétés en crise, parfois à la limite de la parodie - il a notamment fait scandale avec Rêve de fer, parabole sur le nazisme vu comme un roman à la Conan le barbare -, son œuvre s'est faite de plus en plus contemporaine. Avec ce roman, il s'inspire de la crise née de l'ouragan Katrina pour présenter sa vision de la Louisiane et plus précisément de la ville de la Nouvelle-Orléans. Depuis les désastres climatiques, la ville sombre dans la dépression, et les réformes bancaires font que de très nombreux habitants vont être expulsés de leur domicile, ne pouvant plus payer leurs mensualités. Mais qui peut assurer aujourd'hui que la police se chargera du sale boulot, et ce d'autant plus que parmi les policiers de la ville nombreux sont dans la même situation que ces propriétaires en péril. À cela, le roman offre une solution, celle de créer la police du peuple et faire élire comme gouverneur quelqu'un qui saura les représenter. Mais nous sommes quand même dans un roman de Norman Spinrad... Alors, en parallèle de cette intrigue hautement politique et civique, il y a une touche d'imaginaire et de fantastique. À la Nouvelle-Orléans, folklore oblige, des esprits vaudous se mêlent des affaires des hommes. Ils cherchent à posséder des corps pour continuer à pérpétuer la tradition du Mardi gras, bien triste depuis la baisse touristique. Pour cela, ils sont prêts à tout, y compris participer à des shows télévisés ou à user leurs pouvoirs pour détourner les ouragans de la ville ! Les choses ne peuvent que dégénérer quand une jeune femme possédée et symbole des esprits vaudous est poussée par un policier très impliqué dans la police du peuple afin de briguer le poste de gouverneur.
Si la description des rouages de la machinerie politique américaine sont parfois assez explicatifs (mais les Américains de base en savent-ils plus que nous sur les arrangements de leur nomenklatura ?), Norman Spinrad fait toujours passer les informations avec ironie et mordant au sein de son intrigue. Ses divinités vaudous sont décrites comme faisant partie d'une bande de fêtards invétérés qui n'entendent pas contrôler les humains mais se servir de leur corps pour retrouver des sensations perdues. Les prises de position idéologiques ne sont jamais martelées mais incarnées par des êtres singuliers - un policier de base, une jeune fille, un tenancier de bordel qui risque de voir son établissement fermer, un colonel chrétien qui juge ses actions militaires à l'aune de ses convictions personnelles... Du coup, Police du peuple explicite, donne à voir et n'impose jamais, au sein d'une histoire réjouissante, dopée par le jazz des rues de la Nouvelle-Orléans.

Citation

Jésus a chassé les marchands du temple, non ? Pouvais-je faire moins si j'en avais le pouvoir quand on me l'a confié 

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 10 novembre 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page