Contenu
Boléro noir à Santa Clara
Grand format
Inédit
Tout public
Préface de Rebeca Murga
Postface de Sébastien Rutés
Paco Ignacio Taibo II (avant-propos)
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Morgane Le Roy, revu et complété par Jacques Aubergy
Marseille : l'Atinoir, mars 2009
102 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-918112-09-9
Loterie mortelle
Avec Boléro noir à Santa Clara, le Cubain Lorenzo Lunar entame une trilogie axée autour de Léo Martin, un inspecteur de police du barrios de Condado dans la petite ville de Santa Clara. Léo Martin, c'est un héros du hard boiled mi-désabusé, mi-Cubain, qui a une notion plutôt élevée de l'éthique, qui aime danser, boire et le corps des femmes surtout s'il est ambré, cambré et en sueur. Il gravite dans un quartier qu'il affectionne et qu'il surnomme pourtant "Le Monstre", un quartier empreint de pauvreté, de drogue et de sexe, et dont il connait les habitants quel que soit du côté de la loi qu'ils se situent. S'il a une idée des truands et de leurs commerces, il n'en est pas pour autant parfaitement au courant : dans une île perdue, sans ses alliés russes de la guerre froide, les pénuries en tous genres multiplient les trafics et tout le monde tente de s'en sortir avec ses propres moyens. Au départ de cette intrigue, l'assassinat d'un petit vieux décharné et décati, amateur de jeux de cartes et de boisson, hospitalier au point d'en mourir. Un petit vieux dont personne ne se soucie excepté Léo Martin. Mais ce qui se cache derrière ce meurtre ordinaire c'est avant tout le sordide des loteries clandestines et la corruption carcérale. Les prisons cubaines sont en effet l'un des éléments-clés de ce récit. On apprend, par la plume de l'écrivain, que des magouilleurs de première préfèrent se faire incarcérer parce que les trafics à l'intérieur sont plus lucratifs. On apprend également que la corruption administrative permet aux prisonniers de sortir en toute impunité commettre un crime puis de revenir dormir comme si de rien n'était. Mais Boléro noir à Santa Clara est surtout l'occasion pour Lorenzo Lunar de dépeindre une population touchante, attachante, parfois peu reluisante, avec des personnages emblématiques comme le truand Chago el Guey (Chago le Bœuf) qui font le terreau de la vie quotidienne de Léo Martin. Ce dernier, comme tout bon héros de roman noir, est un homme solitaire mais qui au contraire de ses alter ego nord-américains est parfaitement entouré. L'intrigue à laquelle il fait face n'est absolument pas alambiquée. Elle est simple. La piste pour remonter au coupable n'est surtout pas sinueuse, et Léo Martin prend le temps, durant cette petite centaine de pages à l'écriture fluide et poétique, de mener son enquête, d'embêter ses partenaires, de croire en l'innocence de certains, d'être sûrs de la culpabilité d'autres mais avec toujours ce même constat : l'impunité s'achète.
Citation
El Moro ne faisait pas partie de la bande. Et il n'en ferait jamais partie. Il était ce qu'on appelle par chez nous une couille molle : mou-du-genou et fébrile de la langue.