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Cambodge, un destin cousu d’abîmes
Pnom Penh, 1997. Un coup d'État finit de renvoyer le Cambodge à la violence qui le gangrène. Cette violence qui n'a jamais cessé d'irriguer le pays, mais pour le balayer cette fois de part en part en une nouvelle convulsion tragique, offrant ses opportunités inédites de saccage, de viol, de barbarie. Frédéric, qui s'est installé dans la capitale depuis bien longtemps, en a déjà plus que son compte de ce mal qui a fini par presque tout emporter de l'infinie beauté du Cambodge. Mais il lui faut encore affronter l'innommable. Celui que son ex, par exemple, rendue au pire d'elle-même, doit traverser comme un champ de braises au terme duquel il lui faudra mourir ou bien surgir enfin. Amis, ennemis, enlacés dans la folie de bêtes abruties de fureur. Et sous couvert de politique, survivre dans le chaos du meurtre généralisé, défriché jusque sur le pas des seuils les plus futiles. Kill, kill, shoot! Ici on tue par ennui, là pour assouvir la bassesse d'êtres si jovialement féroces.
L'analyse des maux qui ronge la société cambodgienne est fine et sans concession. Partout la criminalité s'est diffusée, doublant le pire de l'odieux. Le tout offrant la vision d'un univers sans lendemain, où il faut se servir tout de suite, de peur qu'il ne reste bientôt plus rien de ce monde pillé déjà jusqu'à la corde.
La ville est dangereuse, criminogène. La violence s'y est établie comme sa seule raison. Encerclant des êtres ténus, ainsi de Ra et Lim, gosses jetés dans le bouillon de péripéties abjectes. Et quand un horizon se dessine, c'est de la pire façon, comme cette vengeance terrible des enfants de la rue, lynchant un sale type dont on se prend à penser qu'il l'a bien mérité. La barbarie achève ainsi de tout recouvrir. Car c'est non seulement le sang de l'innocence qui abreuve ce roman, mais celui, plus douloureux s'il est possible, de l'innocence souillée, contaminée par le Mal, ouvrant à la nation un destin cousu d'abîmes. De cet abîme qui borde l'écriture même du roman, travaillé par une voix intérieure qui vient rompre souvent l'économie du récit comme pour porter secours à ce qu'il reste d'humanité en nous.
Citation
Il faut toujours rappeler au faible qu'il est faible.